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Pietro-Longhi-Il-matrimonio-ca-1755-Venezia-Pinacoteca-Querini-Stampalia

Descriptif :

Ce programme de recherche historique porte sur les interactions entre une institution et une pratique : d’un côté, le mariage, sacrement de l’Église et étape essentielle dans l’établissement professionnel et l’inclusion sociale ; de l’autre, la mobilité, prise dans sa double acception spatiale et sociale. Il prend pour terrain d’enquête, la Venise moderne, qui était à la fois une très grande ville de plus de 150000 habitants à la fin du XVIe siècle et une ville-monde dont la population mêlée venait de tout le pourtour méditerranéen et de pays transalpins. À ce titre, elle constitue un observatoire privilégié pour étudier les mariages interconfessionnels (entre catholiques et orthodoxes), entre étrangers et entre natifs et immigrés.
Ce projet repose sur une documentation massive : les processetti matrimoniali. Ces enquêtes étaient conduites par l’Église catholique pour s’assurer que les futurs époux étaient bien célibataires ou veufs. Elles portèrent d’abord sur ceux pour qui existaient un doute sur leur état matrimonial, en particulier les non-natifs de la ville. Elles reposaient sur l’audition de témoins consignée dans dans 340 registres entre 1592 et 1807. Cette documentation sérielle et diachronique donnera lieu à une base de données collaborative réalisée à partir de la plateforme d’hébergement de projets (symoghi.com) porté par le Pôle d’histoire numérique du LARHRA et sera alimentée par le dépouillement du tiers du fonds (120 registres, soit environ 10000 enquêtes).
Cette documentation originale fera l’objet d’un double traitement. On l’étudiera, d’abord, comme l’élément central du dispositif mis en place par l’Église catholique pour tenter de concilier la mobilité avec le respect des règles matrimoniales. L’analyse de la procédure sera élargie à la péninsule italienne et au monde grec sous domination vénitienne afin de mieux comprendre la circulation des normes et des pratiques ecclésiastiques.
C’est, ensuite, le moyen de saisir le mariage comme un moment pivot d’un parcours migratoire et d’un processus inclusion sociale. Les processetti se prêtent à la fois à une approche quantitative et qualitative qui permet de reconstituer toute une gamme de parcours migratoires, par exemple féminins (qui laissent peu de traces dans les sources habituelles utilisées). On examinera, enfin, comment au terme d’un parcours migratoire le mariage pouvait être un instrument d’intégration sociale en interrogeant le sens des mariages exogames et interconfessionnels – et de mobilité sociale. Ce programme de recherche vise à mieux comprendre ce que inclusion et mobilité sociale signifient dans une ville ouverte et cosmopolite, mais marquée par la persistance de barrières juridiques, religieuses et sociales.

Lien : https://www.efa.gr/index.php/fr/recherche/programmes-de-recherche/projet…