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vendredi 6 décembre à la Maison des Sciences de l’Homme Lyon St-Etienne, 14 avenue Berthelot, 69007, Lyon, Salle Marc Bloch.

Titre des travaux : intitulés « Jouir du plaisir de voir les lieux les plus célèbres, presque aussi exactement qu’en voyageant » La vue d’optique gravée en Europe (1760-1799).

Composition du jury :

Mme Sophie RAUX, Université Lumière Lyon 2, Directrice de thèse

M. Gilles MONTÈGRE Université Grenoble Alpes, Rapporteur

M. Martial GUÉDRON Université de Strasbourg, Rapporteur

M. Emmanuel CHÂTEAU-DUTIER Université de Montréal, Examinateur

Mme Charlotte GUICHARD, École normale supérieure, Examinatrice

Mme Natacha COQUERY, Université Lyon 2 Lumière, Examinatrice


Résumé :

Sous le terme vue d’optique sont désignées des estampes destinées à être visionnées au sein d’un dispositif optique produisant un effet immersif (zograscope ou boîte d’optique). Considérées comme marginales dans le récit de l’histoire de l’art, les vues d’optique ont pourtant fortement marqué la culture visuelle des hommes et des femmes de la seconde moitié du XVIIIe siècle, à l’échelle de l’Europe tout entière. Massivement produit, il s’agit d’un bien culturel dont la société « fait usage commun » : les plus aisés peuvent acquérir des formes domestiques du dispositif et accumuler des centaines de vues d’optique, tandis que ces mêmes images sont aussi consommées par le peuple via la médiation de montreurs d’optique ambulants. S’appuyant sur un corpus de 15 500 estampes collectées dans une cinquantaine d’institutions patrimoniales en Europe, cette thèse étudie la vue d’optique dans ses dimensions matérielles, commerciales, culturelles et sociales. Elle s’attache d’abord à reconstituer les conditions de la naissance de la vue d’optique entre Paris et Londres autour de 1760 et la structuration d’un marché à l’échelle européenne, dans lequel sont également actifs deux autres centres importants de l’imagerie, Augsbourg en Allemagne et Bassano del Grappa en Italie. La seconde partie documente ensuite les usages sociaux de ces estampes, montrant la diversité des publics et des contextes de consommation. De l’espace domestique du salon à la rue, en passant par le cabinet de physique expérimentale, il s’agit d’interroger la valeur accordée au dispositif dans la hiérarchie des pratiques culturelles, entre divertissement et acquisition de connaissances géographiques et scientifiques. Figurant les sites les plus remarquables de l’Europe urbaine et une sélection de paysages extra-européens, les vues d’optique ont puissamment alimenté les représentations mentales contribuant ainsi à former un imaginaire géographique partagé, dont nous sommes encore partiellement tributaires. La troisième partie interroge donc les représentations véhiculées par la vue d’optique, en particulier concernant les villes. Reprenant et transformant des modèles fixés par les vedute gravées, la vue d’optique participe non seulement à la fixation de certains stéréotypes visuels et lieux communs, mais aussi à l’acculturation des masses à un idéal urbain des Lumières.