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à l’ENS de Lyon, salle 003 – Condorcet – Site Monod – 46 allée d’Italie Lyon 7
Titre de ses travaux : La Zone et les zoniers de Paris, approches spatiales d’une marge urbaine (1912-1946)
jury composé de :
M Nicholas Bullock, M Frédéric Moret, M Jean-Luc Pinol (directeur de thèse), Mme Judith Rainhorn, Mme Catherine Rhein, M Philippe Rygiel.
Résumé
La zone de Paris est une zone de servitude militaire de 250m courant sur environ 35 km, grevée par une servitude non aedificandi qui, dès 1850, n’est pas respectée. En 1912, deux conventions sont signées entre l’État et Paris. La loi du 19 avril 1919 prononce le déclassement de l’enceinte, sa cession à Paris et le maintien d’une servitude non aedificandi dite d’hygiène sur la zone. Paris doit alors se lancer dans l’expropriation de la zone. La thèse étudie cette appropriation parisienne grâce à des sources variées (plans, dénombrements, photographies aériennes etc.), le plus souvent rentrées dans un système d’information géographique (SIG).
Elle revient sur l’argumentaire du déclassement et l’histoire de la construction et étudie les textes et procédures d’expropriation. Loin du fantasme d’espace neutre qui parcourait l’administration parisienne, l’expropriation discrimine entre morceaux de zone. La zone ne présente pas un visage uniforme et les usages qui l’affectent (habitation en dur ou précaire, industrie, zones de stockage, jardins potagers) sont variés. La thèse cherche à déterminer des logiques d’organisation, en lien avec la banlieue, et souligne aussi, à une échelle plus fine, les critères qui orientent vers une destinée parcellaire. L’attractivité de la zone pour ses habitants est particulièrement étudiée : elle permettait, pour un moindre coût, d’avoir accès à la propriété des constructions et à une forme d’espace en plus. Zone et zoniers sont construits pour être en marge, le processus même de l’expropriation entraîne une précarisation des statuts et une dégradation accélérée du bâti et des conditions de vie, notamment dans les mois qui précèdent l’évacuation. Si cette disqualification à la ville est originelle du fait de la servitude et de l’obligation de précarité, tant matérielle que temporelle, elle s’accentue pendant l’entre-deux-guerres.
En effet, la population zonière change. Les «nouveaux» venus ne motivent pas les mêmes discours de protection que les «petits zoniers» du début du siècle. Par ailleurs, la construction d’une urbanité normale et normée, celle des HBM des fortifications, permet, par contraste, la disqualification des zoniers et de leur mode de vie, jugé non-urbain ou mal-urbain. Ainsi, presque toute politique de relogement des habitants, une problématique centrale dans la résorption des taudis urbains, est abandonnée du fait de cette prétendue inadéquation à la ville et à ses valeurs, mais aussi d’un coût jugé excessif.