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Titre des travaux : Le mouvement social en Algérie : conditions de travail, grèves et luttes syndicales dans le Constantinois, 1880-1954 

Direction de thèse : Sylvia Chiffoleau, Directrice de recherche au CNRS, LARHRA



Composition du jury :

Claire Marynower, Maitresse de conférences, Institut d’Études politiques de Grenoble

Christine Mussard, Maîtresse de conférences HDR, Aix-Marseille Université (rapportrice)

Michel Pigenet, Professeur émérite, Centre d’Histoire Sociale, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (rapporteur)

Antonin Plarier, Maitre de conférences, Université Jean Moulin Lyon 3

Sylvie Thénault, directrice de recherche au CNRS, Centre d’Histoire Sociale, Université Paris 1, présidente du jury



Résumé :
Cette étude retrace l’histoire sociale du Constantinois entre 1880 et 1954 à travers trois grands axes : les conditions detravail de la population ouvrière, algérienne et européenne ; les grèves comme principale forme de mobilisationrevendicative, mobilisant en premier lieu les Algériens ; et enfin, l’évolution du mouvement syndical, longtemps dominé parles Européens. Après l’insurrection de 1871, les Algériens, principalement ruraux, furent soumis à des lois d’exception.Spoliés de leurs meilleures terres, marginalisés et privés de droits, ils restèrent exploités et cantonnés au bas de l’échellesociale. Famines, crises économiques, aléas climatiques, chômage et absence d’instruction aggravèrent encore leurcondition. Entre 1900 et 1954, la contestation prit de multiples formes : grèves, manifestations, marches, pétitions, maisaussi migrations, exodes et troubles insurrectionnels. De leur côté, les ouvriers européens recoururent au syndicalisme afind’améliorer leurs conditions de travail et de vie, particulièrement difficiles au début de leur installation en Algérie. Lesyndicalisme traversa trois étapes. La première (1880-1918) vit la naissance des premiers syndicats communautaires,étroitement liés à la bourgeoisie, avant qu’une fracture n’oppose syndicalistes modérés et révolutionnaires. La deuxième(1919-1935) fut marquée par la réorganisation de la CGT et par une scission entre « confédérés » modérés et « unitaires »révolutionnaires ; malgré la réunification de 1935, les conflits persistèrent jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Enfin, latroisième période (1936-1954) se caractérisa par l’entrée progressive des Algériens dans le syndicalisme. Les grèves de1936, impulsées par le Front populaire, libérèrent la parole ouvrière et permirent quelques acquis vite limités, mais ellesouvrirent la voie à la contestation et à la radicalisation politique, qui se poursuivit avec la montée du nationalisme, serenforça pendant la Seconde Guerre mondiale et culmina avec la répression de mai 1945. Après la guerre, une nouvellescission opposa communistes et socialistes au sein de la CGT et mena à la création de Force Ouvrière (1948), proche dessocialistes. Bien que l’appareil de la CGT fût contrôlé par les communistes, elle comprenait également en son sein dessyndicalistes proches du nationalisme ou activement engagés dans ce mouvement. Dès lors, une rivalité émergea pourencadrer les travailleurs algériens entre les communistes, partisans de réformes approfondies dans le cadre de l’unionfrançaise, et les nationalistes, qui cherchaient à orienter la population vers le projet indépendantiste. Le syndicalisme devintainsi un terrain d’affrontement entre projets politiques divergents.