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Titre des travaux : Le sens de l’enquête. Une histoire politique et visuelle des pratiques ethnographiques chinoises aux frontières du Nord-Ouest (années 1920-1940)
Résumé :
En Chine, au début des années 1930, un mot d’ordre se répand dans les grandes villes de l’Est : « Allons au Nord-Ouest ! ». Face à l’invasion japonaise, aux menaces occidentales et aux séparatismes locaux, le gouvernement central juge qu’une meilleure connaissance de la région est nécessaire à la survie de la Chine. Cette impulsion encourage un réseau d’inspecteurs sociaux, reporters, historiens, archéologues, anthropologues, photographes et cinéastes à entreprendre des enquêtes de terrain. Le Nord-Ouest est désormais conçu comme le lieu où peut s’organiser la résistance aux impérialismes, le développement économique mais aussi la régénération spirituelle du pays. Toutefois, les populations locales, loin d’être toutes sinophones, nourrissent à l’égard du régime républicain des sentiments pour le moins contrastés. Une partie d’entre elles a été incorporée au territoire chinois à la suite de conquêtes sanglantes et y a été maintenue au moyen de violentes répressions, dont le souvenir demeure bien présent. Les productions des enquêteurs deviennent alors la source de nouveaux récits historiques et d’un savoir ethnographique situé dont nous considérons l’impact social dans la sphère publique. Bien que la plupart de ces voyageurs partagent une idéologie nationaliste commune, leurs missions s’inscrivent dans un espace discursif pluriel et critique. Le résultat de ces investigations constitue un matériau de recherche foisonnant, presque exclusivement en langue chinoise, que nous examinons dans une perspective interactionniste, sous l’angle des circulations transnationales et des rapports de force géopolitiques. Depuis la période charnière de la transition post-impériale chinoise, nous entendons participer au décentrement de l’histoire des savoirs ethnographiques sur le monde social et de leurs usages. La thèse montre comment ces productions visuelles et textuelles ont renforcé une représentation du territoire et de l’ethnicité héritée de l’époque impériale, tout en y incorporant les nouveaux concepts politiques et intellectuels de la République. En définitive, nous interrogeons le double sens de l’enquête : son asymétrie relationnelle et sa raison d’être.
Membre du jury :
Sebastian VEG, Directeur d’études, EHESS
Fabienne JAGOU, Maître de conférences HDR, École française d’Extrême-Orient
Philippe RYGIEL, Professeur des universités, ENS de Lyon
Félix Jun MA, Maître de conférences, Université de Montpellier Paul-Valéry
Isabelle THIREAU, Directeur d’études, EHESS / CNRS
Marie-Paule HILLE, Maître de conférences, EHESS
Michel NAEPELS, Directeur d’études, EHESS / CNRS