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« Prince fornicateur, adultère, incestueux, sacrilège, voleur public, ivrogne, fainéant, idiot, excommunié, n’ayant point fait ses Pâques depuis près de vingt-huit ans et digne de toute la colère de Dieu. »À cette condamnation sans appel par un contemporain, répond cette réhabilitation tranquille et non moins excessive par un historien du siècle dernier : « Louis XV était un saint ». Ces jugements des plus contradictoires puisent à la même source : avec Louis XV, l’image du roi a subi une césure définitive entre vie publique et vie privée. Considérée comme une évidence, cette césure a rendu possible une réputation d’immoralité et de débauche d’une part, d’indolence et de faiblesse d’autre part. Malgré leur érudition, les études récentes qui ont tenté de réhabilité le roi ont échoué. Pour mieux comprendre ce que signifie « être roi » en France à l’époque des remises en cause de l’absolutisme, il fallait tenter de ressaisir la personne royale à la fois dans son unité et dans sa complexité. Au récit linéaire qui constitue la trame coutumière des biographies, on a préféré l’esquisse d’un portrait historique par touches successives. Ainsi, Louis XV se trouve rétabli comme roi dans chacune des facettes multiples et parfois contradictoires de sa personnalité. Son règne apparaît alors comme le dévoilement progressif de son autorité au cœur d’un État en proie à des antinomies et à des blocages structurels. Plutôt que le raconter, l’objectif de cette biographie est de comprendre le roi, tout le roi, rien que le roi.Bernard Hours, ancien élève de l’École normale supérieure, est professeur d’histoire moderne à l’université Jean Moulin de Lyon. Il est responsable de l’équipe Religion, sociétés et acculturation (UMR 5190 LARHRA).Ses recherches portent sur l’histoire politique et religieuse du XVIIIe siècle, notamment sur la famille royale et sur la cour à l’époque de Louis XV.