En 2003, la fermeture de l’hôpital de l’Antiquaille, exactement deux cent ans après son installation, a fourni l’occasion de se pencher sur l’histoire de ce lieu. Implanté sur le haut des pentes de la colline de Fourvière et jouissant d’un panorama d’une vaste étendue, le site de l’Antiquaille était placé au cœur de la ville gallo-romaine, dans un quartier qui devait être deserté au Moyen-Age au profit des vignes. C’est dans cette zone que se sont bâties au XVIe siècle de riches maisons de campagnes, et notamment celle du célèbrehumaniste Pierre Sala. Ses descendants la font reconstruire dans de plus vastes dimensions.Au XVIIe siècle, les visitandines transforment cette demeure en couvent en y adjoignant un cloître et une église. La Révolution disperse les religieuses et entraîne la disparition des beaux décors intérieurs qu’elles avaient faits réaliser. En 1803, s’installe dans les bâtiments libérés un hospice dont deux fonctions s’affirment très vite : l’accueil des aliénés et le traitement des maladies vénériennes.Peu à peu cet hospice devient un hôpital indépendant dont la gestion, faisant plus appel aux fonds publics qu’à la charité, est particulièrement novatrice pour l’époque. Parallèlement, quatre constructions nouvelles développent avec ingéniosité les bâtiments conservés de l’ancien couvent, le corps en hémicycle dit la Rotonde se révélant une belle réussite architecturale. Cette période d’autonomie s’achève en 1845 avec l’intégration de l’hôpital au sein des Hospices civils de Lyon.Par la suite le développement se fera surtout dans le grand clos qui occupe la partie sud du site, tendant à donner à l’ensemble, par la construction de bâtiments indépendants, une allure d’hôpital pavillonnaire. Après le départ des aliénés en 1876-1877, et à côté de la création d’un hôpital généraliste de quartier, des spécialités se développent, sous la responsabilité de personnalités qui vont assurer le renom de l’Antiquaille.Les innovations médicales s’amplifient : à la vénéréologie viennent s’adjoindre la dermatologie et l’urologie ; à partir de la psychiatrie s’identifient la neurologie et l’oto-rhino-laryngologie. Dans le courant du XXe siècle s’y ajouteront l’ophtalmologie chirurgicale, l’endocrinologie, la néphrologie et les transplantations. En marge du couvent, une cavité souterraine devient au XVIIe siècle un lieu de culte à saint Pothin, premier évêque de Lyon, et aux premiers martyrs lyonnais, connu sous le nom de » caveau de saint Pothin « .Son apogée, à la fin du XIXe siècle, au sein de l’hôpital, est marqué par la création d’une chapelle souterraine somptueusement décorée sous la direction de l’architecte Sainte-Marie Perrin.