000
100
%
Fourvière versus la Croix-Rousse ! « La colline qui prie » face à « la colline qui travaille ». Cette image, les Lyonnais en ont fait un élément constitutif de leur identité, mais en connaissent-ils vraiment l’origine ? Avant 1789, la Croix-Rousse était elle aussi une « colline qui prie », avec ses nombreuses chapelles et ses clos monastiques. En dispersant les couvents, en réformant le clergé séculier et surtout en proclamant la liberté de culte et de conscience, la Révolution modifie en profondeur le paysage ecclésiastique de la capitale des Gaules. De la fête fédérative de 1790 aux charniers de 1793, l’histoire d’une rupture religieuse annoncée se déroule sous nos yeux. Lyon est bouleversée et divisée, entre deux Églises concurrentes, mais également entre militants catholiques et anticléricaux qui se disputent violemment le contrôle de l’espace public. Cet ouvrage nous invite également à un retour aux sources de la laïcité républicaine. Dans une ville partagée, les juifs et les protestants lyonnais trouvent enfin leur place, sans oublier les non-croyants. À la suite des violences qui ensanglantent la ville entre 1792 et 1795, les autorités civiles et religieuses apprennent progressivement – et non sans heurts – à développer une culture du compromis. Le concordat de 1801 et la visite du pape Pie VII en 1804-1805 consacrent le retour à la paix religieuse dans une « seconde Rome » où le catholicisme semble de nouveau triompher. Mais la ville reste en réalité durablement divisée : peut alors commencer ce que Jules Michelet appellera au tournant du XIXe siècle « le duel des deux montagnes ». Né en 1978, agrégé d’histoire et docteur, Paul Chopelin est maître de conférences à l’Université Jean Moulin Lyon 3, où il enseigne l’histoire moderne. Il est membre de l’équipe « Religions, Sociétés et Acculturation » au sein du Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (UMR 5190 LARHRA). Ses recherches portent sur l’histoire politique et religieuse de la France, de la fin de l’Ancien Régime à la Restauration.