LA guerre de Trente Ans a suscité une abondante littérature en Allemagne et dans le monde anglo-saxon, et notamment sur ses aspects confessionnels et religieux. Depuis une vingtaine d’années, des travaux ont remis en cause des paradigmes établis, comme celui de la confessionnalisation : la publication de journaux personnels et les études biographiques suggèrent par exemple de nombreuses pistes quant à la perméabilité des frontières confessionnelles. Dans le monde francophone en revanche, il s’agit d’un sujet encore sous-étudié.Ce volume présente et discute l’ensemble de l’espace du conflit pour mettre en évidence trois questionnements. Comment le conflit a transformé le rapport des autorités avec le religieux ? Comment les clercs, plongés dans l’horreur, se sont-ils comportés? Comment les fidèles, immergés dans un monde déstructuré, happés par la violence, se sont-ils tournés vers le ciel ?Les approches régionales croisées avec l’étude d’individus révèlent l’immense variété des attitudes. Surtout, elles prouvent l’absence totale de déterminisme. Chacun a régi en fonction de ce qu’il croyait juste, bon ou utile. Loin d’avoir validé une carte confessionnelle, d’avoir pétrifié les positions religieuses, la guerre a redonné à chacun la possibilité d’affirmer individuellement sa foi.