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Engagés dans une lutte clandestine à la vie à la mort, les résistants se posèrent avec insistance la question de savoir comment on écrirait un jour leur si singulière histoire. La Libération à peine survenue, acteurs et historiens s’attelèrent à la tâche avec le soutien actif du pouvoir politique. Des efforts tenaces, sinon toujours convergents, composèrent au fil des ans une historiographie tissée de plusieurs milliers de publications et traversée de passion, de débats, de polémiques. Cette historiographie n’aura cessé d’être tenaillée entre la nécessité de respecter une épopée où l’éthique a joué le premier rôle et l’obligation de mettre à distance et en perspective les événements qui l’ont jalonnée. Comment historiens et acteurs ont-ils composé avec cette double exigence ? S’il faut défaire les pieuses légendes quand leurs liens avec la réalité sont ténus, on ne saurait pour autant faire fi du prestige, source de légendaire, que cette histoire sécréta jour après jour alors qu’elle se frayait dangereusement un chemin. En somme, comment, depuis soixante ans, a-t-on tenté de rendre compte des spécificités et de la complexité de la Résistance française ? Voilà l’objet de cet essaiLaurent Douzou est professeur d’histoire contemporaine à l’Institut d’études politiques de Lyon, membre de l’UMR CNRS 5190 LARHRA, Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, spécialiste de l’histoire et de la mémoire de la France des années noires.