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La publication de cet ouvrage en Algérie est un hommage à tous les historiens français qui se sont mobilisés contre la loi du 23 février 2005 qui réhabilite la colonisation et ont contraint leurs gouvernants à en annuler les dispositions les plus scandaleuses. Un colloque international a suivi en juin 2006 à Lyon dont cet ouvrage est une synthèse des actes complets publiés en ligne sur le site de l’ENS (lien ci-dessous). Ce colloque auquel ont participé plusieurs historiens algériens est resté attentif à la complexité du dialogue entre les historiens de part et d’autre de la Méditerranée. Les recherches portant sur l’histoire de la colonisation, de l’immigration et de notre guerre d’indépendance ont connu depuis d’incontestables avancées. Il reste cependant beaucoup à faire pour venir à bout de la persistance des ressentiments, des humiliations refoulées, des désirs de vengeance et analyser l’œuvre des mémoires et des oublis. Comme en Afrique et en Asie, la construction d’une historiographie pour la réappropriation du passé algérien s’est faite contre la domination française mais aussi, et c’est à souligner, contre la « colonisation de l’imaginaire » de la première génération éduquée à l’occidentale. Tawfik El Madani, le premier fabricant d’histoire nationale et Mubarak El Mili avaient un projet de libération intellectuelle. Pionniers d’une conception nationaliste de l’histoire, El Madani et El Mili se sont gardés d’ériger en dogme le refus de l’altérité. Ils ne prônaient pas un monde sans l’Autre comme discours d’émancipation. Ils ne prétendaient pas non plus qu’il n’y a d’histoire vraie que faite par des Algériens. Ce sont leurs épigones, beaucoup moins sûrs de leur savoir, qui ont revendiqué après l’indépendance, ce privilège et enrobé dans le mot d’ordre d’agression culturelle, une névrose de la victimisation et une pensée xénophobe. Ils aiment bien se draper dans le manteau du nationalisme mais en ignorant que « le nationalisme est rarement le nationalisme »… Dans un monde plus que jamais unifié par les lois du marché, les Algériens ont besoin d’une conscience qui leur évite l’enfermement et d’une vision de la culture qui se démarque du chauvinisme et favorise l’échange et le contact avec toutes les forces intellectuelles sans exclusive pour peu qu’elles soient attachées à la démocratie et à l’égalité entre les peuples.