000
100
%
Le propos de ce livre est de montrer, sous l’angle particulier de la démographie historique, quel a été le processus par lequel sont passées des familles d’origine germanique après leur immigration au Brésil, pour devenir « brésiliennes ». Son fil conducteur consiste à montrer comment s’est réalisé le processus en vertu duquel des immigrants allemands et leurs descendants – aussi bien les pionniers que ceux qui sont venus par la suite – organisés autour d’une profession de foi et d’une paroisse, sont progressivement devenus « Brésiliens ». Cette histoire qui se déroule sur environ un siècle, débute avec la création d’une paroisse luthérienne à la fin de l’année 1866 à Curitiba, capitale de la province du Paraná. Elle se divise en deux grandes périodes marquées par une conjoncture agitée. La première période, entre 1866 et 1945, consacre l’existence d’un groupe « germano-brésilien », distinct tout à la fois des immigrants germaniques et des « Brésiliens ». La période plus récente, de 1945 à nos jours, se définit en fonction des événements liés à la Seconde Guerre mondiale et aux changements qui en ont résulté.La rupture de la guerre montre bien la complexité du contexte culturel et institutionnel qui sous-tend les contacts entre le groupe émigrant et la société réceptrice et qui permet de comprendre l’histoire démographique de la communauté. Dans la mesure où les comportements du groupe se différencient de ceux de l’ensemble de la population brésilienne et étant donné l’originalité de ses valeurs culturelles, l’ouvrage tente de démontrer qu’il est possible d’identifier un régime démographique spécifique. L’originalité de la démarche intellectuelle est de partir d’une communauté luthérienne bien identifiée, caractérisée par des individus portant pour une grande part des patronymes de consonance germanique, certains parlant encore entre eux un allemand très caractéristique et un portugais avec un accent très particulier. De larges extraits de mémoires et récits offrent un tableau assez fidèle de l’arrivée et des efforts d’adaptation des premiers immigrants, dans un environnement et un climat peu accueillants, au sein d’une société en tous points différente de leur milieu d’origine. Mais il correspond aussi à une période cruciale de l’histoire des migrations et de son pendant incontournable, l’urbanisation, dont ces « Allemands », ruraux venus conquérir de nouvelles terres, vont finalement être partie prenante. L’analyse de leurs comportements démographiques reflète cette évolution, tant du point de vue des mariages que de l’évolution de leur fécondité.