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Dès la fin du xve siècle, les monarchies portugaise et espagnole se lancent au grand large dans un élan de construction impériale qui saisit le globe. Une diversité d’acteurs et de savoirs, dont la cosmographie et la navigation, sont porteurs de ce processus. Ce dernier transforme, à jamais, l’image et le concept de la Terre comme espace de l’habitat humain, retravaillant les liens entre espace et temps. Pilotes et cosmographes contribuent alors à une reconceptualisation des temporalités et des temps de la Terre. Quels textes ont-ils rédigés et lus, quels instruments ont-ils manipulés à cette fin ?
En explorant ces dynamiques à partir d’une pluralité de matériaux, le livre embarque le lecteur sur des bateaux naviguant vers les Indes, l’invite dans des Casas et des entrepôts portuaires ou dans des universités où résonnent les échos d’une mer transformatrice des connaissances. La création de la chaire de cosmographie à la Casa de la contratación (Séville, 1552) et la trajectoire de son premier détenteur, Jerónimo de Chaves (1523-1574), servent de « laboratoire » privilégié d’où observer ces problématiques.
Le livre élargit ainsi la manière de comprendre la cosmographie au xvie siècle, souvent réduite à son rapport à la cartographie, à l’intersection de plusieurs pratiques et savoirs (histoire naturelle, théologie, astrologie, astronomie, navigation) et au-delà du clivage « Anciens-Modernes ». En embrassant d’un regard les monarchies ibériques, l’ouvrage ancre dans l’Europe méridionale la question plus large de la production des techniques et des sciences à l’époque moderne, inscrivant l’espace ibérique dans une première globalisation.