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Archives du département du Rhône et de la métropole de Lyon
Don du fonds d’archives de recherches et d’enseignement d’Emile Bertaux aux Archives du Département du Rhône et de la Métropole de Lyon.
Le 15 juillet 2025, l’Université a fait un don aux Archives du Département du Rhône et de la Métropole de Lyon (ADRML) du fonds d’archives d’Émile Bertaux (1869–1917), premier titulaire en histoire de l’art à l’Université (1902–1912), et ce afin d’en assurer la conservation définitive et de permettre la valorisation de ce fonds auprès d’un large public.
Le fonds est donné à la Faculté des Lettres de l’Université de Lyon en 1917 par la Marquise Arconati-Visonti (1840 – 1923), mécène et collectionneuse d’art après achat de sa part la même année auprès de Madame Jeanne Louise Marie Laroumet, épouse d’Émile Bertaux. Le don est mentionné dans un procès-verbal de délibérations du Conseil de l’Université du 13 juillet 1917, conservé aux Archives du département du Rhône et de la métropole de Lyon (cote 1T275). Henri Focillon (1881– 943), détenteur de la chaire d’histoire de l’art de l’Université de Lyon de 1913 à 1924, coordonne la gestion de ce don. Un premier inventaire très sommaire, conservé à la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (cote MSVC 300 F. 8650-8653), est probablement rédigé par Henri Focillon. Il permet d’appréhender l’importance matériel du don initial. Dans le but de conserver et valoriser le fonds, la bibliothèque d’histoire de l’art Bertaux-Duseigneur est créée. Le fonds y est à priori conservé jusqu’au démantèlement de la bibliothèque dans les années 2000. Les ouvrages se trouvent aujourd’hui en grande partie dans la collection de la bibliothèque Diderot de Lyon tandis que les autres documents arrivent au Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA) (probablement dès sa création en 2003) et jusqu’à sa prise en charge, pilotée en 2023 par Joana Barreto (MCF HDR, Histoire de l’art moderne), par le Pôle Archives. Le fonds initial est notamment composé de nombreux tirages photographiques, dont au moins une partie se trouve dans le fonds actuel. Il est possible que certains tirages aient été utilisés comme supports pédagogiques, et aient ainsi été enrichis par les différents successeurs d’Emile Bertaux à l’enseignement d’histoire de l’art moderne de l’Université Lumière Lyon 2. Ces tirages constituent aujourd’hui une partie de la photothèque du Musée des Moulages de l’Université Lumière Lyon 2. D’autres négatifs sur plaque de verre ont été donnés ou déposés au Musée Nicephore Niépce (Chalon-sur-Saône) entre 1982 et 1984. Ces derniers étant issus de la bibliothèque Bertaux-Duseigneur, il est également possible que parmi ces négatifs se trouvent certains réalisés par Émile Bertaux et issus du fonds initial. Le stage d’Élias Noel, sous la tutelle de Marine Daudanne, au sein du Pôle Archives a permis le début du traitement du fonds en vue de ce dépôt.
Le fonds correspond aux archives de recherche, mais également d’enseignement d’Émile Bertaux. Il est constitué de nombreuses notes de cours et de conférences manuscrites et tapuscrites, de documents bibliographiques, de carnets de notes et de croquis, de cartes de visites, de cartes postales, de correspondances, de croquis et gravures, de calques, de très nombreuses photographies sur papier, contrecollées sur carton, des négatifs sur plaques de verre ainsi que des négatifs sur gélatine, d’aquarelles, d’extraits de publications ainsi que de quelques documents datant des années 1980 dont le dossier de l’exposition ayant eu lieu en 1984 sur Émile Bertaux. La majorité de ces documents ont été produits entre 1870 et 1917. Il connaît deux accroissements mineurs. Le premier comprend le catalogue dactylographié de l’exposition-dossier de 1984 organisée par Daniel Ternois, maître de conférences en histoire de l’art moderne à l’Université Lumière Lyon 2 de 1962 à 1986; le second comprend les documents à propos de la Semaine Lyonnaise de l’université Johann Wolfgang Goethe, Francfort (Allemagne) de 1983.
La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle correspondent à la création des premières chaires d’histoire de l’art dans les universités françaises : à la Sorbonne en 1876, à Lille en 1890 et à Lyon en 1898. Ce fonds inédit documente ainsi les débuts de l’enseignement de la discipline à Lyon, mais également en France.
D’abord agrégé de lettres classiques en 1891 en tant qu’élève de l’École Normale supérieure, Émile Bertaux est ensuite l’élève d’Eugène Müntz, historien de l’art, à Paris avant de partir en 1893 en Italie à l’École française de Rome. Il voyage alors beaucoup jusqu’en 1897. Durant ses voyages en Calabre, dans les Abruzzes, en Campanie, dans les Pouilles ou encore en Basilicate, il prend de nombreux clichés. Il y réalise également des aquarelles et de nombreux croquis.
Maître de Conférences à l’université de Lyon depuis 1902, il soutient sa thèse de doctorat L’Art dans l’Italie méridionale. De la fin de l’Empire romain à la conquête de Charles d’Anjou en 1903 à la Faculté des Lettres de la Sorbonne. En 1904, il passe Professeur à l’université de Lyon. En 1909, il devient directeur d’étude de la section d’histoire de l’art à l’Institut français de Florence. Il est par la suite nommé en 1912 conservateur du musée Jacquemart-André à Paris et rédacteur en chef de la Gazette des Beaux-Arts en 1913. La même année, il est chargé des cours d’histoire de l’art chrétien au Moyen-Age à la Sorbonne. Durant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé comme interprète puis comme pilote d’avion avant de succomber des suites de maladie à Paris, le 8 janvier 1917.
Ses recherches et enseignements portent sur l’histoire de l’art médiéval, les peintures, sculptures et architectures italiennes et espagnoles du Moyen-Âge, l’art flamand, italien, espagnol et portugais à la Renaissance. Son sujet d’étude principal, l’art de l’Italie méridionale, se pose comme un jalon historiographique de l’étude de l’art médiéval. Sa thèse contient de nombreuses photographies et croquis qu’il réalise lui-même lors de ses voyages, pratique peu courante à cette époque.
L’abondance de tirages photographiques datant de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle témoigne de la pratique singulière d’Émile Bertaux de la photographie appliquée à la recherche. Celle-ci est rendue possible grâce aux avancées techniques des procédés photographiques qui permettent l’élargissement de ses usages.
Le fonds est désormais conservé aux Archives du Département du Rhône et de la Métropole de Lyon sous la cote 452J. Les documents iconographiques seront numérisés et l’ensemble du fonds sera prochainement consultable dans la salle de lecture des ADRML.
Elias Noel (Archiviste stagiaire Université Lyon 2) et Joana Barreto (Enseignante-chercheuse Université Lyon 2, LARHRA)
Légendes photos :
1- Départ du fonds depuis l’université vers les ARDML
2- Exemple de notes de cours issues du fonds
3- Reconditionnement final du fonds dans du papier de conservation
4- Tirage photographique contre collé sur carton d’une scultpure de saint Sébastien
5- Croquis réhaussé de blanc sur calque
6- Tirage photographique d’un tombeau
7- Négatif sur plaque de verre, intérieur d’une église, vue de la nef
8- Photographie du fonds dans un magasin d’archives des ADRML
Quelques interventions aux archives départementales du Rhône et de la métropole de Lyon
Olivier Faure, Conférence « Un singulier médecin de campagne dans les monts de Tarare sous la monarchie de juillet », 27 avril 2023
Sylvie Altar, Table ronde « Tombeaux » : mémoire et archives, 22 mars 2023
Gilles Vergnon, présentation du film « Un mur gravé de mémoire(s). Le massacre du 20/8/44 à Saint Genis Laval », 7 février 22