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Présentation

Ce projet s’inscrit dans le prolongement du programme PPF « Bauxite/Alumine/Aluminium : impacts locaux d’une industrie mondiale. Aspects comparatifs (1886-2006) porté à la MSH Alpes par le LARHRA entre 2007 et 2010. Ce premier programme était centré sur les questions environnementales, FRALUBEC a une dimension plus large d’analyse des politiques d’entreprise.  Il vise à établir une comparaison entre les modèles de développement de deux des grandes multinationales de l’aluminium, Péchiney et Alcan, aujourd’hui toutes deux intégrées dans le groupe Rio Tinto, et plus précisément de l’évolution de leurs rapports à leurs territoires d’origine (La Maurienne pour Péchiney, le Saguenay pour Alcan) dans les processus d’internationalisation puis de mondialisation. Les implications en termes de culture organisationnelle et de RSE, des phases d’industrialisation aux phases de désindustrialisation seront plus particulièrement travaillées.

Le projet, d’une durée de 36 mois (mars 2012 – février 2015), est porté par le Centre Roland Mounier de Paris IV (Dominique Barjot) et associe l’université du Québec à Trois-Rivières, l’université de Québec à Montréal, l’université du Québec à Chicoutimi, l’UMR Dauphine recherche en management de l’université Paris Dauphine et le LARHRA pour l’UPMF.
Le LARHRA-UPMF (Anne Dalmasso) est coresponsable de la « tâche 3 » (Entreprises de l’aluminium et territoires des vallées) avec l’université de Montréal. 

Résumé du programme scientifique

Deux entreprises multinationales de production d’aluminium sont au centre du projet de recherche proposé. L’une, Pechiney, fut un fleuron de l’industrie nationale française jusqu’à son absorption en 2004 par l’autre, Alcan, fleuron de l’industrie nationale canadienne avant d’être à son tour englobée en 2007 par une firme transnationale anglo-australienne, Rio Tinto, dont elle est dorénavant une branche industrielle.
La mondialisation à l’œuvre dans ces opérations capitalistiques n’est pas une nouveauté dans un secteur très tôt marqué par la cartellisation et une approche globale des ressources et des marchés. Pour preuve, les relations anciennes nouées entre les deux entreprises qui relèvent successivement et/ou simultanément de logiques de coopération et de compétition : concurrence pour le contrôle de la bauxite dans le sud de la France pendant un tiers de siècle, coopération et compétition pour son exploitation en terre africaine, recherches communes pour un procédé nouveau de fabrication de l’alumine, affrontement sur le marché des produits pour le bâtiment, etc.
FRALUBEC se propose d’étudier, dans une perspective comparative, les modalités d’internationalisation et de mondialisation des deux firmes de l’aluminium, et les enjeux de leurs interrelations « locales » dans la perspective d’une économie « globale ».
Pour autant, Pechiney comme Alcan se sont d’abord développées dans des relations étroites et durables avec des territoires spécifiques dans leur pays d’origine : la vallée de la Maurienne en France dès la fin du XIXe siècle, le Saguenay-Lac-Saint-Jean au Québec à partir de 1926. Leur empreinte sur ces territoires a été et reste forte en termes d’environnement, d’aménagement, d’urbanisme, d’emploi, de création de richesse, etc. Le projet FRALUBEC a l’ambition d’étudier et de comparer les modèles de développement mis en œuvre dans ces deux territoires au cours du XXe siècle, en les mettant constamment en relation avec les évolutions globales des deux entreprises. Deux dimensions de ce développement feront l’objet d’un examen particulier : le premier concerne les cultures organisationnelles (systèmes sociostructurels et culturels) et leur traduction en termes d’organisation du travail, de relations du travail, de formation, de carrières, etc. L’autre relève de ce que l’on désigne aujourd’hui par l’expression « Responsabilité sociale des entreprises ». Elle s’intéresse au jeu des parties prenantes internes et externes à la firme et aux modalités que choisit cette dernière (sous la pression plus ou moins ferme de ses interlocuteurs) pour prendre en compte de façon durable leurs préoccupations.

Afin de mettre en œuvre ces approches, le projet FRALUBEC rassemble une équipe de chercheurs pluridisciplinaire, au croisement de l’histoire économique, de l’histoire des entreprises, des études urbaines et des sciences de gestion.
Il repose sur la mise en commun de sources et de compétences qui, au Québec comme en France, permettent d’explorer et d’interpréter les phénomènes complexes liés à l’entreprise multinationale, dont il ambitionne de donner une interprétation globale. Les recherches menées dans le cadre du projet s’appuieront sur des méthodologies diverses : dépouillement d’archives d’entreprise, constitution de bases de données, recueil et traitement de récits de pratiques auprès d’acteurs de l’industrie. Les résultats du projet feront l’objet d’un ambitieux effort de valorisation : publications scientifiques en premier lieu, au Canada comme en France, mais aussi diffusion des connaissance par le biais d’exposition, de colloques et de publication internet grâce au relais d’institutions spécialisées dans le domaine des technologies et de l’histoire de l’aluminium, en France comme au Québec. L’un des enjeux du projet sera aussi de sensibiliser la firme Rio Tinto Alcan à l’intérêt d’une démarche de recherche en sciences humaine et sociale portant sur son histoire et son patrimoine.