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gravure "La fuite des protestants de France" de Jan Luykens

Descriptif :

Ce projet de recherche historique étudiera la manière dont les pratiques d’entraide permettent aux minorités religieuses et diasporiques de construire leurs horizons d’appartenance collective à travers l’Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il a pour but de proposer une analyse transversale d’opérations très variées dans une perspective d’histoire sociale, à l’échelle européenne. En effet, à l’âge où les ruptures confessionnelles et les guerres déchirent le continent, de grandes collectes et des opérations de secours internationales le maillent d’une trame complexe au sein de laquelle circulent capitaux, personnes, informations et savoir-faire. Pourtant, alors même que ces réseaux d’entraides dépassent les frontières, l’assistance est de plus en plus localisée : administrée par des institutions majoritairement religieuses instaurées par les communautés d’habitants, elle est régulée dans ses principes par les autorités territoriales. Elle restreint souvent le public des récipiendaires à une population circonscrite par une appartenance locale et dont la conformité à des normes de comportement est de plus en plus contrôlée. On soutient donc, au premier chef, le même, un autre soi, parmi les catholiques, les protestants et les juifs.

Ce projet se propose ainsi de réaliser une étude comparative de cette solidarité transnationale en Europe. Si, d’emblée, le projet s’inscrit dans les interactions globales dans le monde des 16e-18e siècles, il privilégie l’échelle européenne, le « Vieux continent » étant encore alors le référent et la plate-forme par laquelle ces secours s’organisent. Il postule que les dispositifs charitables élaborés par et en faveur des communautés diasporiques, depuis l’habitude de répondre aux appels à l’aide jusqu’aux techniques de persuasion, en passant par la circulation des fonds et le contrôle de la distribution, sont des incubateurs d’évolutions socioreligieuses plus vastes : l’élaboration d’identités collectives à travers l’Europe, l’imposition de normes de comportement ou l’apparition de la philanthropie. Comparer les pratiques de groupes religieux distincts (catholiques, protestants, juifs) permettra d’appréhender les territoires et les modalités de la construction du collectif par-delà les frontières confessionnelles.

S’appuyant sur une collaboration entre historiens d’établissements français et européens, le projet SolidaMin comporte trois objectifs principaux qui visent à tester ces hypothèses : (1) Prendre la mesure des opérations de collectes et d’entraide au profit de, ou par, des groupes minoritaires aux 17e et 18esiècles. (2) Comparer les pratiques (oscillant entre connivence et concurrence) de l’économie de l’assistance de ces différents groupes. (3) Valoriser les résultats par une base de données documentaire SIG sur le principe des Linked Open data afin de les diffuser auprès du public et de fournir un outil heuristique aux chercheurs.

Lien : https://solidamin.hypotheses.org/