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organisé par Elisa Andretta (LARHRA) et Rafael Mandressi (Centre Alexandre-Koyré) au Centre Alexandre-Koyré, 27 rue Damesme, 75013 Paris, 5e étage
13/06/17. Hippocrate sans frontières : les médecins et les corps du monde
Ce séminaire porte sur le rôle des médecins dans les reconfigurations intellectuelles, sociales et politiques du système des savoirs en Europe entre le XVe et le XVIIe siècle. On fait l’hypothèse que ce rôle est central, et que le réexaminer en profondeur est une des voies par lesquelles il convient de réévaluer les opérations de saisie du monde, de la nature et des hommes dans l’Europe de la première modernité. Le savoir des médecins ne se confond pas avec le savoir médical stricto sensu. Il est pluriel, hétérogène et nomade, et fournit aux médecins des outils avec lesquels lire et comprendre non seulement le corps, mais aussi les réalités sociales et culturelles dans lesquelles ils sont inscrits. On prend ainsi, d’une part, le parti de décloisonner l’histoire de la médecine à travers celle des médecins. On fait, d’autre part, le pari que l’une et l’autre peuvent apporter des éclairages nouveaux à une histoire sociale, politique, intellectuelle et matérielle des pratiques et des cultures savantes d’un « long XVIe siècle » en Europe.
Cette approche et ces questionnements supposent la multiplication des recherches sur des dossiers spécifiques, chacun d’entre eux intégrant les parcours des médecins, leurs insertions dans des milieux variés, leur participation parfois massive à la structuration de communautés savantes, ainsi que les outils de pensée, les procédures, les dispositifs matériels qu’ils ont mis au point pour l’établissement et la transmission des connaissances. Or l’objectif d’interroger l’histoire des savoirs de la première modernité européenne en l’observant à travers le prisme de la médecine et des médecins implique de faire tenir ensemble les trajectoires des individus et des groupes avec celles des idées, des textes, des instruments de travail, des solutions techniques, des modalités discursives, des stratégies de validation. Il implique, en d’autres termes, de tenter une histoire intégrée des médecins comme passeurs, des circuits de passage – lieux, milieux, institutions – et des schèmes constructeurs d’objets de connaissance par lesquels le savoir médical a pu irriguer d’autres domaines d’activité savante et/ou professionnelle.
Dans ce séminaire, on articulera ces dossiers de recherche à des discussions à vocation historiographique et synthétique, visant à définir les contours et les attendus d’une enquête au long cours.
programme complet joint