000
100
%
Le colloque se déroule les 28 et 29 septembre à l’ISERL, 35 rue Raulin, Lyon 7 – bâtiment MILC, 4e étage et les 19 et 20 octobre au CRHIDI/CHIREL, 43 bd Jardin Botanique, à Bruxelles
avec le soutien des universités Lyon2, Lyon 3 et Saint Louis Bruxelles, FNRS, LabEx COMOD, LARHRA
PRESENTATION
Depuis les années 1980, et spécialement les travaux de Franco Cardini, le concept de « culture de guerre » s’est largement diffusé dans l’historiographie. Il tend à expliquer et à analyser la manière dont les contemporains ont perçu et vécu un conflit ce qui détermine leurs comportements, leurs peurs, leurs espoirs, leurs pratiques… L’idée est abondamment utilisée dans des ouvrages propres, comme ceux de George Mosse (Fallen Soldiers. Reshaping the Memory of the World War), des colloques, comme celui dirigé par John Horne (Vers la guerre totale. Le tournant de 1914-1915), des travaux d’équipes tels ceux pilotés par Stéphane Audoin-Rouzeau ou Annette Becker. Si longtemps, le religieux est passé souvent au second plan, il est désormais un des domaines les plus prometteurs de la recherche. C’est dans ce contexte que nous souhaitons inscrire ce colloque.
L’objectif consistera à examiner les interventions du surnaturel dans le cadre de conflits. C’est-à-dire la confrontation des hommes en tension, en opposition dans un contexte terrestre et matériel, à des forces qui les dépassent. Celles-ci sont susceptibles d’influencer, de modifier le cours des choses en faveur d’une des parties. Au-delà du cadre strict de la guerre, la destinée des vaincus, des prisonniers peut être envisagée sous cet angle également.
Ce cadre conflictuel doit être considéré au sens large. On pense bien entendu en premier lieu au fait d’armes, à l’affrontement militaire au cours d’un conflit, d’une bataille. Et les échelles sont en la matière des plus variables (de la guerre privée à la guerre publique dans toutes ses extensions). Le miracle peut se produire également dans le cadre d’une opposition confessionnelle ; la « divinité » soutient ici ses partisans – séparant d’initiative le bon grain de l’ivraie. La lutte catholicisme/ protestantisme ou christianisme/Islam en sont des illustrations.
Le miracle est destiné à des individus qui, dans un monde bouleversé où ils ont perdu leurs repères traditionnels, se sentent « dans la main de Dieu » comme l’affirment bien des protagonistes de la guerre de Trente Ans. Il est aussi collectif lorsqu’une statue « sauve » une cité de l’invasion, que le Ciel épargne une localité face à la cruauté d’un envahisseur… Il est porté par une dévotion ancienne quand on voit nombre d’images mariales urbaines arrêter les tirs d’un ennemi. Mais le conflit est également créateur de piété avec, par exemple, l’apparition de Notre-Dame des tranchées protectrice miraculeuse des soldats français et belges dès 1914.
Se pose alors la question du déroulement. Pourquoi, d’abord, le fait se produit-il ? Résulte-t-il d’une requête, d’une sollicitation du futur bénéficiaire et sous quelle forme (prière, vœu, mise en avant de reliques…) ? Ou l’initiative appartient-elle au dispensateur (apparitions). Ensuite en quoi consiste l’action miraculeuse ? S’agit-il d’une modification du cours des choses, par un acte concret, éventuellement même violent, ou d’une pression exercée par une apparition « opportune » ? Quelle est la nature de cette apparition ? Est-elle publique (elle s’adresse à tous) ou privée (elle s’adresse au chef) ? S’adresse-t-elle davantage au camp favorisé (par la galvanisation qu’elle lui apporte) qu’au camp adverse (par la terreur qu’elle lui inspire). Mais il peut s’agir aussi d’un message, d’un avertissement lié à un conflit à venir.
Quoi qu’il en soit, rien n’est possible sans acteurs. Bénéficiaires d’une part, distillateurs d’autre part. Les premiers — les hommes, qu’ils soient incarnés dans une institution, une Eglise, un camp ou non — reçoivent la faveur, le message. On entre ici dans une perspective anthropologique. Et la perception de l’éventuel perdant ou vaincu n’a rien de négligeable. De l’autre côté qui agit : une force imprécise, Dieu, la Vierge, un saint ? Et dans ce dernier cas, peut-on identifier des intercesseurs plus prompts à intervenir sur le champ de bataille (protecteur de certaines armées ou nations) ? En d’autres termes, certains saints (on pense à saint Georges) sont-ils spécifiques à ce genre de miracles ?
On ne saurait aborder ces questions sans poser celle de la destinée du prodige. Qu’en est-il de la « tradition » de ces miracles ? Existe-t-il une mise par écrit (plus ou moins rapide ou réfléchie, officielle ou davantage littéraire) par des instances ecclésiastiques. Ou celles-ci affichent-elles une certaine prudence, voire de la réticence ? Dans une autre optique, on peut se trouver en présence d’un processus de transmission maîtrisé par des laïcs, voire porté par la tradition dans l’oralité. Dans cette ligne, surgit aussi la question des contextes et des climats de pensée : visions catholique ou protestante se rencontrent-elles ou au contraire s’affrontent-elles ? Et au sein de chacune voit-on s’afficher des conceptions monolithiques ? Comment la perception de ces miracles va-t-elle évoluer face à la montée de l’esprit philosophique et de la rationalité ?
En lien avec ces questions, on peut s’interroger sur les témoignages liés à l’action mémorielle. Constate-t-on des actes particuliers de remerciement ou de soumission ? Ou une utilisation dans une optique de propagande : objets (ex-voto), constructions (basiliques de remerciement à Paris ou Lyon), iconographie, commémorations ?
Ce colloque est une co- organisation
Université Lyon 2 / Université Lyon 3 / ISERL
Université Saint-Louis – Bruxelles / CRHIDI
Société des Bollandistes (Bruxelles)
Comité scientifique
Philippe Desmette (Université Saint-Louis – Bruxelles), Robert Godding (Société des Bollandistes), Philippe Martin (Université Lyon 2), Silvia Mostaccio (Université catholique de Louvain), Christian Sorrel (Université Lyon 2) Catherine Vincent (Université Paris Ouest Nanterre La Défense).
voir affiche et résumé joints