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organisé par Bernard Hours et François-Xavier Carlotti.

Qui se souvient encore de l’ancien Oratoire de France et parvient à déjouer la confusion toponymique qui conduit trop souvent à assimiler la congrégation religieuse d’Ancien Régime à un modeste édicule de carrefour ? Du reste, ses membres sont bien peu nombreux à avoir eu les honneurs d’une plaque de rue à leur nom, et encore dans ce cas ne sont-ils souvent salués que pour des talents qu’ils ont exercés hors de l’institut.

L’oubli manifeste dans lequel semble être tombé l’Oratoire des XVIIe et XVIIIe siècles ne peut manquer de surprendre qui mesure l’étendue de l’action de ces quelque 7 000 prêtres dans le vaste champ de l’apostolat au point culminant de la Réforme catholique et de l’éducation durant près de deux siècles. Dans ce ministère, auquel on les assimile le plus volontiers, ils méritent très tôt leur réputation de brillants pédagogues, dont ils forment, après les jésuites, le bataillon le plus fourni. Et encore ne s’agit-il là que de l’aspect le plus apparent — et si peu désiré à l’origine — de leur vocation. Prêtres fervents, nourris à la source de l’école française de spiritualité et fidèles entre tous au dessein de son fondateur, Pierre de Bérulle, les oratoriens se vouent plus encore à la sanctification du clergé. C’est en effet à cette dernière que le cardinal appelle ses premiers compagnons lorsqu’il érige l’Oratoire de France, à Paris, le 11 novembre 1611. Congrégation savante, exigeante tant au plan intellectuel que spirituel, l’Oratoire cultive en tout la liberté, qu’il pratique dans son fonctionnement intérieur et reconnaît, en particulier, à chacun de ses sujets. Ainsi, prêtres séculiers, les oratoriens ne prononcent pas de voeux et vivent en communauté dans des « maisons » sous la seule règle de la charité.

Dans un article fondateur publié en 1979, qui se voulait un appel à une recherche systématique, Willem Frijhoff et Dominique Julia soulignaient cet « étrange silence » et l’étonnant paradoxe d’une « congrégation bien étudiée [et pourtant] mal connue ». Depuis lors, leurs travaux conjoints ou particuliers ont permis d’apporter un éclairage substantiel à l’oeuvre éducative des pères ou de documenter la province oratorienne des Flandres. Plusieurs enquêtes d’importance et quelques contributions isolées produites par d’autres générations de chercheurs ont récemment prolongé leur effort, ouvert de nouveaux champs d’investigation, tels l’héritage de pierre, les missions, le statut des frères servants ou le réseau congréganiste oratorien désormais envisagé pour lui-même.

Sur les acquis du demi-siècle écoulé, ce colloque pluridisciplinaire a l’ambition d’ouvrir de nouvelles perspectives à une recherche qui invite à réévaluer la place tenue par la congrégation de l’Oratoire dans la France des XVIIe et XVIIIe siècles.