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Collections : enjeux historiques et actuels

organisé par Alice Ensabella et Marlen Schneider

Au coeur des pratiques patrimoniales en occident, la collection est un phénomène qui se situe à la croisée de plusieurs champs disciplinaires : l’anthropologie, l’histoire, l’histoire de l’art, mais aussi la sociologie, le droit et les sciences économiques, pour n’en citer que quelques-uns, peuvent être mobilisés pour mieux comprendre les collections et les pratiques liées au collectionnisme. Multiples sont les profils, les fonctions et les enjeux des collectionneurs : pour les uns, il s’agit d’une manière d’appréhender le monde à travers les merveilles de la nature et de la culture, pour les autres elles relèvent de la spéculation financière ou du prestige social. Peu importe la nature de la collection, qui peut aller de l’album de timbres au plus somptueux cabinet royal, elle présente toujours un lien étroit avec la personnalité de celui ou celle qui l’a constitué et qui l’entretient. Elle révèle, à travers son rapport aux objets, les passions du collectionneur, ses préférences esthétiques, les enjeux de sa position sociale etc.
Du particulier à l’état, en passant par le scientifique ou bien l’artiste, les collections servent à construire et à consolider les identités individuelles et collectives. En participant ainsi à un travail de mémoire, elles s’inscrivent dans une temporalité plurielle, à la fois tournée vers le passé, le présent et le futur. Cherchant à conserver des objets et une manière spécifique de les organiser et interpréter, elles ne sont pourtant jamais figées, mais, au contraire, se transforment en permanence, s’adaptent aux goûts, aux enjeux politiques et sociétaux changeants. En ce sens, la création ou la dispersion des collections sont l’un des facteurs qui contribuent le plus à la circulation des objets qui les composent, les éloignant souvent de leur lieu et leurs usages d’origine ; les objets deviennent des vecteurs du goût de leurs propriétaires, mais aussi les témoins de tendances artistiques et esthétiques propres à des périodes et des contextes différents.
Lors du séminaire ArtIS 2024-2025 seront présentés et discutés des travaux récents autour des collections et du collectionnisme, invitant à prendre en compte toute la diversité méthodologique et disciplinaire du sujet. Il s’agit de mettre en lumière des pratiques et profils de collectionneurs et collectionneuses peu connus, d’interroger la temporalité des collections entre formation éphémère et institutionnalisation, ou encore d’étudier les rapports complexes entre collectionneurs, créateurs, marché et public. L’entrée des collections privées dans les collections publiques constitue notamment un enjeu majeur, impliquant des conséquences à la fois pratiques et intellectuelles sur la nature même des collections. Comment présenter un corpus au grand public qui a été constitué selon les affinités personnelles d’un particulier ? De quelle manière aborder les processus de constitution d’une collection historique aujourd’hui, alors que les pratiques d’acquisition et le cadre juridique et sociétal des collections est en constante évolution ? Quel fut le rôle des collectionneuses par rapport aux hommes et pouvons-nous constater des différences de goût, de profil, d’usages etc. à travers le prisme du genre ? Le collectionnisme chez les artistes est un autre point riche en questionnements, permettant de mieux comprendre certains aspects de la formation et de la production artistiques.
Enfin, la question de la provenance des objets, qui anime plus que jamais le débat actuel sur les collections publiques, peut faire l’objet des réflexions non seulement sur les pratiques actuelles (largement liées à une interprétation éthique de la recherche de provenance qui remet en cause des principes clés comme l’inaliénabilité du patrimoine), mais incite aussi à s’interroger sur l’évolution de cette approche méthodologique au cours de l’histoire. Les enjeux de la provenance se posaient différemment à d’autres époques et il convient de proposer une perspective à la fois actuelle et historique sur les études de cas présentées.

Séance du 24 octobre 2024
La collection comme manifeste esthétique
Séance coordonnée par Alice Ensabella et Marlen Schneider (Université Grenoble Alpes-LARHRA)

  • Aurélie Verdier et Anne Foucault (Centre Pompidou, Paris) : Collection, (dé)colonisations, relations : le cas André Breton