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Titre des travaux : La collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle (1803-1856). Portraits de mammifères entre art et science
Composition du jury :
M. Laurent BARIDON, Université Lyon 2, Directeur de thèse
Mme Catherine MÉNEUX, Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne, Rapporteure
M. Martial GUÉDRON, Université de Strasbourg, Rapporteur
M. Éric BARATAY, Université Lyon III Jean Moulin, Examinateur
M. Thierry LAUGÉE, Université de Nantes, Examinateur
Mme Amandine PÉQUIGNOT, Muséum national d’histoire naturelle, Examinatrice
Résumé :
Que signifie dessiner un animal dans le contexte scientifique de la première moitié du XIXe siècle ? Au sein d’une collection située à mi-chemin entre la vérité d’après nature et les balbutiements de l’objectivité scientifique naissante, quelle place pour une approche artistique à la ménagerie du Jardin des plantes ? Initiée par Gaston d’Orléans pour faire de son jardin de Blois un herbier et une volière en miniature, les mammifères ne s’y invitent véritablement qu’après la création du Muséum en 1793. Des artistes sont alors attachés sur concours à la nouvelle institution pour figurer les merveilles du monde naturel sous le contrôle des scientifiques. À la suite de Nicolas Maréchal (1753-1802), la spécialité des mammifères est attribuée à Pierre-François de Wailly (1775-1852), Nicolas Huet (1770-1830) et Jacques Christophe Werner (1798-1856). Issus des mondes de l’art animalier, de l’enseignement du dessin et des galeries du Muséum, ces hommes révèlent, sur des supports de veau mort-né couleur ivoire, les portraits des créatures de la ménagerie. L’image évolue selon l’origine du regard scientifique posé sur l’animal, qu’il s’agisse d’une histoire naturelle systématique, pratique ou philosophique, et dont les acteurs principaux sont issus des familles Geoffroy Saint Hilaire et Cuvier. Une dissonance majeure apparaît entre les artistes et les naturalistes, et entre les naturalistes eux-mêmes, concernant la valorisation de la temporalité des êtres vivants. Perçus à l’origine comme des ressources figées pour la galerie du Muséum et l’anatomie comparée, les animaux dévoilent un nouveau potentiel à travers l’étude de leurs mouvements. À la ménagerie, la vie animale s’agite dans un microcosme dont l’image ne révèle pas tous les aspects.
Au calme des amphithéâtres, de la bibliothèque et des cabinets des naturalistes, s’oppose l’agitation du public qui parcourt les allées de la ménagerie en portant un regard d’agrément sur l’animal. Au quotidien, les mammifères distraient les curieux qui lisent les cancans du monde animal que la presse dévoile chaque semaine, en ignorant les réelles conditions d’existence des locataires célèbres ou anonymes du théâtre du Jardin des plantes. La sensibilité des artistes s’inspire de la société pour combler les lacunes de la recherche sur les mammifères.L’artiste-savant évolue au contact du scientifique et les deux nouent un lien intime avec une société avide de spectacle et de savoir. Cette ambivalence des passions révèle les interrogations sur l’humanité ou l’animalité de l’espèce humaine posées par une littérature construite sur les fondations des querelles naturalistes. Cette union des arts et des sciences enrichit la lecture des individualités humaines et animales dont les vélins témoignent.