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Christophe
Vyt

Doctorant

Fonction

Doctorant

Etablissement

Université Grenoble Alpes

Présentation

Enseignant d’Histoire-Géographie dans le secondaire et enseignant vacataire à l’Université Lyon 3, j’entreprends à l’Université Grenoble-Alpes une thèse dirigée par Stéphane Gal consacrée à La Réforme dans le Dauphiné de Farel à Lesdiguières (vers 1532 – vers 1601)

Parallèlement à mes recherches universitaires et dans le cadre de l’association Groupe Mémoire de Bellegarde, où j’enseigne, je mène des projets destinés au grand public portant sur la Seconde Guerre mondiale et l’Age industriel à dans le bassin de Bellegarde-sur-Valserine : publication d’articles dans les journaux locaux, édition de livres, conférences.

Thèmes de recherche et d'activité

Réforme protestante

Guerres de Religion

Conflictualité

Dissidence

Vaudois

Territoires alpins

Seconde guerre mondiale

Âge industriel

Programme de recherche

Les territoires de la dissidence :  La Réforme dans le Dauphiné de Farel à Lesdiguières (vers 1532 – vers 1601)

Thèse sous la direction de Stéphane GAL

Le Dauphiné fournit un cadre d’étude pertinent pour comprendre comment une dissidence parvient à s’implanter et à se maintenir dans un espace qui lui est pourtant défavorable. Il est l’une des provinces françaises les plus touchées par la Réforme protestante au XVIème s. et les travaux du pasteur Arnaud publiés en 1875 demeurent la seule somme sur le sujet. L’approche territoriale permettra de la renouveler. L’implantation de la Réforme a eu deux aspects : d’une part, la constitution d’un réseau de communautés calvinistes dirigées par des pasteurs et des anciens et structurées en synodes et, d’autre part, la prise de contrôle des pouvoirs séculiers locaux (consulats, escartons, seigneuries rurales) par le parti réformé.

L’exploitation des multiples études locales et des nombreuses sources publiées ont permis d’entreprendre une chronologie et une cartographie multiscalaires des dynamiques territoriales de la Réforme. Celle-ci se développe de manière précoce grâce à Guillaume Farel. En rupture avec les évangélistes et l’Eglise catholique, il a introduit les thèses luthériennes dans sa province natale dès 1522-23. Dix ans plus tard en 1532, il parvient à obtenir l’adhésion des barbes vaudois à la Réforme d’inspiration sacramentaire lors de la rencontre de Chanforan. Ce succès donne naissance aux premiers territoires protestants dans les hautes vallées alpines du Dauphiné : Freissinières et le Val Cluson (autour de Pragela). Les années 1532-1555 demeurent assez obscures : l’acculturation des Vaudois à la Réforme semble très lente ; ailleurs dans la province sa circulation est intense et permet les premières adhésions individuelles. Toutefois la répression oblige à la clandestinité. Les années 1555-62 sont un tournant. Une dynamique de succès semble inéluctable. Les conversions sont importantes parmi les nobles et les populations urbaines (notamment les femmes) et les communautés se structurent en un réseau d’églises calvinistes organisé par des pasteurs envoyés de Genève. La dissidence devient également politique après les guerres d’Italie, lorsque de nombreux nobles se mobilisent à l’échelle de la province et du royaume pour obtenir leur reconnaissance – voire l’adoption de leur foi – par le roi. Le parti prend les armes en 1560 sous la direction de Dupuy-Montbrun. La Réforme connaît alors un éphémère succès lors de la première guerre de Religion en 1562 : le parti dirigé par le baron des Adrets contrôle presque toute la province et y impose le calvinisme lors de la réunion des états provinciaux. Cependant, un net reflux débute dès 1563. La paix d’Amboise oblige à rendre les territoires dominés et instaure un régime de coexistence confessionnelle qui s’avère défavorable aux réformés. Les 2ème et 3ème guerres de Religion sont ensuite marquées par un net reflux territorial. En 1570 au retour de la campagne militaire dans l’Ouest du royaume, le parti a perdu quasiment tous ses territoires dans le Dauphiné. La Saint-Barthélemy, dont les massacres n’ont pourtant pas eu lieu dans la province, constitue une autre rupture nette. La dynamique de succès est définitivement brisée. Entre 1573 et 1580, Montbrun, puis Lesdiguières mènent une longue campagne militaire qui aboutit à la prise du contrôle du Sud et de la région alpine de la province. La guerre provoquée par la Ligue à partir de 1585 permet de consolider ces acquis territoriaux. Une nette frontière confessionnelle est née de ces guerres. Elle est fixée pour près d’un siècle par l’édit de Nantes. Lesdiguières, qui est devenu depuis 1589 le représentant local du nouveau roi Henri IV, est l’un des commissaires chargés de son application à partir de 1601.

Ces premiers éléments permettent de fonder notre étude sur deux constats. D’abord, la chronologie de l’implantation de la Réforme et des guerres de Religion est spécifique à chaque territoire. La vallée de Pragela est ainsi l’espace le plus précoce dans la territorialisation de la Réforme : dès 1555 des pasteurs encadrent des églises calvinistes. Les guerres de Religion suivent également des rythmes particuliers. A l’échelle de la province, les combats débutent dès 1560 et 4 cycles de guerres sont ensuite identifiables : 1562-63, 1567-70, 1573-80, 1585-90. La chronologie doit être affinée pour chaque lieu. Embrun demeure par exemple en dehors des combats jusqu’en 1585. Un second constat s’impose : la territorialisation de la Réforme connaît des disparités et une typologie des espaces peut être établie. Certains sont demeurés des bastions catholiques. Il s’agit de l’Embrunais, du Briançonnais et de la Haute vallée du Doire (autour d’Oulx). La Réforme ne s’y implante pas, probablement parce que l’Eglise catholique y est solide. Elle y a mené à la fin du Moyen Age un combat contre la dissidence vaudoise et ces vallées alpines sont un des foyers de naissance de la chasse aux sorcières. Les régions du Bas-Dauphiné (Vienne, Romans, Valence) et du Grésivaudan autour de Grenoble constituent les territoires perdus de la Réforme, après en avoir pourtant constitué les centres au début de la décennie 1560. Deux types de bastions réformés peuvent au contraire être identifiés. Les vallées vaudoises (principalement le val Cluson) forment des foyers anciens et permanents, mais davantage en relation avec les autres vallées vaudoises du Piémont qu’avec le reste du Dauphiné. Les petits bourgs et les espaces montagnards du Sud du Dauphiné (Valdaine, Diois, Baronnies, Tricastin) et du Haut-Dauphiné (Oisans, Trièves, Champsaur, Queyras) deviennent des bastions réformés, principalement au cours de la décennie 1570. Les villes de ces régions (Die, Gap, Montélimar, Embrun) ne sont contrôlées qu’après de longs affrontements. Cette typologie reste à être affinée à une échelle la plus grande possible : villes déjà bien connues, mais aussi petits bourgs, seigneuries rurales, vallées alpines. Il s’agit pour chaque espace d’établir dans un premier temps les périodes d’existence d’une église calviniste et de domination par les réformés, puis d’en identifier les acteurs et les sources disponibles.

Il sera alors possible de s’interroger selon 3 axes de recherches :

  1. Le rôle du territoire du Dauphiné et de ses provinces limitrophes dans la circulation et l’implantation de la Réforme : dans quelles mesures les structures territoriales préexistantes ont-elles pu favoriser ou freiner la circulation et l’implantation de la dissidence ? Il faudra donc ici établir des liens entre l’implantation de la Réforme et le relief qui détermine par ailleurs les axes de circulation. L’attitude des représentants locaux des autorités civiles et séculières devra aussi être interrogée, tout comme le poids des structures politiques et sociales.

  1. La territorialisation de la Réforme dans le Dauphiné, c’est-à-dire l’appropriation des espaces par les réformés. Quels ont été leurs objectifs et de quelles manières s’en sont-ils emparés et les ont-ils gérés ? Cela conduit à étudier l’action et la composition des réseaux ecclésiastiques et politico-militaires, leurs relations avec les provinces voisines et avec les autorités de ces deux structures. L’étude de l’iconoclasme a déjà montré les impacts des dynamiques territoriales sur les modes d’appropriation de l’espace. Plus généralement un certain pragmatisme, signe de la désillusion des réformés après la Saint-Barthélemy, s’impose à partir de 1573. Les réformés ne semblent plus en mesure de rechercher une domination exclusive, mais l’obtention de garanties pour vivre en sécurité parmi les catholiques (grâce à des places de sûreté où se réfugier notamment). Leurs objectifs territoriaux sont plus limités et ils prennent en compte les caractères stratégiques et économiques des espaces. Lesdiguières incarne cette rupture au sein du parti réformé ; il est un guerrier plus politique que ses prédécesseurs (Des Adrets et surtout Montbrun) et cela lui permet de consolider l’emprise territoriale de la Réforme.

  1. La territorialité de la Réforme, c’est-à-dire les identités qui se développent dans les territoires réformés. Affirmer qu’un espace est sous le contrôle du parti réformé signifie-t-il pour autant que la population y est calviniste ? Ce dernier axe de recherche conduit à étudier l’acculturation au calvinisme dans les territoires de la Réforme et le rapport avec les catholiques qui y demeurent. Il faudra tenter d’établir les équilibres confessionnels locaux . Les archives notariales pourront être sondées (aucune étude exhaustive n’est envisageable vue leur immensité) : les testaments peuvent par exemple être des indicateurs des sensibilités religieuses. Il s’agira d’une part de rechercher des actes concernant les acteurs du parti réformé qui ont été identifiés pour établir leur parcours religieux (par exemple celui des nobles qui se sont engagés dans la Réforme en 1560-62) et d’autre part de mener des sondages dans un même lieu pour évaluer l’évolution des équilibres religieux et de l’acculturation à la Réforme. Notre hypothèse est que l’acculturation au calvinisme n’a pas eu le temps de se faire dans les territoires perdus de la Réforme et qu’elle n’a pas eu lieu dans les territoires où les réformés sont trop minoritaires. Vivre en dissidence est d’autant plus difficile que la situation de minorité est forte ; les Vaudois convertis au calvinisme possèdent en ce domaine une expérience et une habitude dont ne disposent pas leurs coreligionnaires catholiques convertis.

Parcours

2016

Agrégation interne d’Histoire et Géographie, rang 28ème

2012

Certification complémentaire Histoire de l’Art

2002

CAPES d’Histoire Géographie, rang 303ème Université Lyon 2

2001

DEA d’Histoire religieuse, O. Christin dir., mention B Université Lyon 2 "La coexistence confessionnelle à Gap, 1560-1630"

2000

Maîtrise d’Histoire moderne, O. Christin dir., mention TB Université Lyon 2 "L’iconoclasme huguenot dans le Dauphiné pendant la 1ère guerre de Religion, 1562"

1999

Licence d’Histoire, mention AB Université Lyon 2

1997-1998

Assistant de thèse de Stéphane Gaillot (Lyon2), géomorphologie et hydrologie en Corse

1998

DEUG d’Histoire, mention B Université Lyon 2

1996

Baccalauréat (série SVT), mention B Lycée de la Plaine de l’Ain

Publications

Directions d'ouvrages

Chapitres d'ouvrages

Articles dans des revues

Autres

Enseignements

Depuis 2004 Professeur d’Histoire et Géographie Lycée Saint-Exupéry (Valserhône)

Depuis 2016 Chargé de C.M. d’Histoire moderne Université Lyon 3, CEUBA

– L1, CM, Les relations internationales en Europe (vers 1450 – vers 1720), 2016-2018

– L2, CM, Histoire du christianisme en Occident de la fin du XVème au XVIIème s., depuis 2016

2004-2007 Chargé de CM d’Histoire moderne (1ère année de Licence), Université Lyon 3, CEUBA

Valorisation de la recherche

Conférences autour de mon sujet de thèse et sur le XVIème siècle

  • « La laïcité française : principes, histoires et débats », Château de Musinens (Bellegarde), septembre 2016.
  • L’iconoclasme, pratique identitaire des protestants – dans la Drôme – pendant les guerres de Religion, Archives départementales de la Drôme, Valence, décembre 2017.
  • « La chasse aux sorcières. La face sombre de l’émergence de la modernité », Château de Musinens (Bellegarde), octobre 2018.
  • « Guerres et paix de Religion. La naissance dramatique du pluralisme religieux au XVIème s. », Château de Musinens (Bellegarde), octobre 2019.
  • Participation aux Nocturnes de L’Histoire, « La Saint-Barthélemy entre Auvergne, Lyonnais et Dauphiné : 450 ans d’un massacre », 30 mars 2022, Bibliothèque Diderot de Lyon.
  • « La Saint-Barthélemy : un non-événement dans le Dauphiné ? », musée du protestantisme dauphinois 24 août 2022, musée du Trièves 26 août 2022
  • “Romans, une ville dans la saison de la Saint-Barthélemy”, conférence aux archives de Roman, 14 juin 2023.
  • « Des Adrets, Dupuy Montbrun, Lesdiguières : les trois chefs des réformés du Dauphiné », conférences à Montbrun-les-Bains (16 juin 2023) et au musée du protestantisme dauphinois (24 août 2023).

Conférence autour de mes recherches sur la Seconde Guerre mondiale et l’Age industriel dans le bassin de Bellegarde-sur-Valserine