Emma-Sophie
Mouret

Mes recherches considèrent la route comme un objet d’analyse à part entière. La démarche adoptée croise histoire environnementale et histoire des mobilités – en intégrant des problématiques d’histoire administrative – pour questionner l’aménagement routier d’un territoire de montagne sur le temps long. L’exemple localisé du Vercors permet d’aborder ces questions de manière fine, en variant les échelles du XIXe au XXI siècle. Sur ce massif une quinzaine de routes dites carrossables sont ouvertes au cours du XIXe siècle, et constituent encore en 2020 les principales voies d’accès. Le réseau routier du Massif du Vercors est apprécié depuis sa réalité matérielle jusqu’aux divers usages, représentations et conceptions qu’il suscite au sein des sociétés locales et chez les acteurs divers. Territoire, mobilité, enclavement, vitesse, risques sont des entrées qui permettent d’examiner les mécanismes par lesquels l’aménagement routier intervient dans les rapports que les territoires et sociétés entretiennent avec leurs environnements. Le temps long est propice à l’observation des effets directs et en différé des politiques publiques d’aménagement. Face aux nouvelles perspectives annoncées par l’aménagement routier considéré au XIXe siècle comme un vecteur de modernité, les territoires se repensent, se projettent et rivalisent. La construction et les usages de la route restructurent les territorialités. À partir des années 1960, de nouvelles manières d’habiter le territoire, croisées à des sensibilités environnementales et écologiques ainsi qu’à une considération accrue des risques amènent à reconsidérer la place et les modalités de gestion des routes. Cela n’est pas sans créer des conflits d’usages pour lesquels la route constitue un prisme de lecture pertinent. L’exemple de l’aménagement routier du Vercors constitue un cas d’étude dont les observations participent à la connaissance plus large de l’aménagement du territoire.