Laure
Boyer

Le rapport des artistes du XIXe siècle et du début du XXe siècle avec la photographie comme source de documentation, d’inspiration et moyen de diffusion de leur art. Le marché de l’art indépendant à partir de 1860 et la naissance de l’art moderne. Les collections photographiques d’artistes et de collectionneurs dans les institutions publiques et privées. L’influence de l’art de la Renaissance italienne, allemande, néerlandaise dans la peinture et la sculpture française au XIXe siècle par la copie, l’estampe et la photographie

Artistes étudiés : Ingres, Gustave Courbet, Édouard Manet, Henri Fantin-Latour, James Whistler, Auguste Rodin, Rosa Bonheur, Claude Monet, Auguste Renoir

Critiques d’art et écrivains étudiés :  Charles Baudelaire, Zacharie Astruc, Edmond Duranty, Jules Champfeury, Emile Zola, Victor Hugo…

Photographes étudiés: Nièpce, Daguerre, Talbot, Hippolyte Bayard, Roger Fenton, Blanquart-Evrard, Edouard Baldus, Gustave Le Gray, Charles Nègre, Charles Marville, Pierre Richebourg, Robert Bingham, Charles Michelez, Eugène Disdéri, Etienne Carjat, Pierre Petit, Nadar, Charles Cros, Adolphe Braun, Alinari, Adolphe Goupil, Giraudon, Neurdein, Charles Desavary, Bilordeaux, Ernest Bulloz, Laurent Vizzavona, Eugène Druet, Dornac, Eugène Atget, Edward Steichen, Wilhem von Gloeden, Wilhem Plüschow, Marconi, Rejlander, Louis Bonnard

Co-présidente du Congrès international bisannuel  » Photographie et reproductions artistiques d’œuvres d’art XIXe-XXIe siècles », Université Complutense Madrid, en préparation pour 2025

La reproduction photographique d’œuvres de maîtres anciens et d’artistes contemporains disponible sur le marché de l’art, dans les ateliers d’artistes, dans les musées, les bibliothèques, les écoles d’art et pour l’éducation a constitué une avancée et un bouleversement dans l’économie de la culture visuelle du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Coexistante avec les estampes et les lithographies, elle permet une nouvelle circulation des œuvres et offre un nouveau support d’étude et de propagation aux artistes officiels tout en soutenant l’apparition de nouveaux courants artistiques.  La diffusion de leur vivant ou juste après décès de l’œuvre d’artistes contemporains tels que Ingres, Paul Delaroche, Gustave Courbet, Edouard Manet et Auguste Rodin par la photographie est un phénomène peu connu de nos jours, alors qu’elle a été essentielle de leur temps. Longtemps déconsidérée dans l’historiographie des artistes, la reproduction photographique représente cependant un jalon majeur de l’histoire de l’art pour comprendre la réception, la transmission de nouvelles esthétiques et l’aura d’un artiste. De même, la diffusion de l’œuvre de maîtres anciens tels que Michel-Ange, Raphaël, Léonard de Vinci, Dürer, Holbein, Véronèse, Titien, Vélasquez, Goya, entre autres, par la reproduction est significative de nouvelles approches visuelle dans la peinture moderne et de nouvelles théories scientifiques basées sur une approche visuelle constitutives de l’histoire de l’art alors en construction.

Les photographies de reproduction d’art sont des matériaux pour l’artiste et pour l’historien d’art :  elles renouvellent des modèles artistiques et le mode de diffusion des œuvres à un public plus large et plus populaire, elles permettent l’enregistrement et le catalogage du patrimoine architectural et pictural. Ainsi que la valorisation des collections des grands musées alors en pleine évolution.  Plusieurs fonds d’ateliers d’artistes font aujourd’hui surface et nous interrogent par leur grande qualité, leur diversité et leur quantité volumétrique importante :  Fonds photographiques Ingres, Auguste Rodin, H. Pinet, 2007, 7000 photos ; Edmond Lebel, Musée d’Orsay, 2006, 506 photos ; Gustave Moreau, G. Lacambre, 2009, 1500 photos ; Ingres, Musée Ingres 4500 photos ; Antoine Bourdelle, Paris, Chloé Théault, 2017, 1300 photos  ; Henri Fantin-Latour, Musée de Grenoble, 7000 photos, L. Boyer, étude en cours ; Rosa Bonheur, à explorer. 

Après quelques études pionnières sur les maisons Braun, Goupil et Giraudon et sur le phénomène de nouvelle culture visuelle (A. McCauley 1994 ; P.-L. Renié, 1994 ; A. Hamber, 1996 ; S. Bann, 2002, 2013 ; L. Boyer, 2004 ; Le Pelley Fonteny, 2005 ), et après des décennies de mises à l’écart de ces images considérés comme des “documents”, un nouvel intérêt semble se manifester depuis une dizaine d’année pour ces images conservées dans les collections muséales, d’instituts d’histoire de l’art et collections de bibliothèques d’art  : collections mises au jour, expositions, publications d’études et colloques (H.P. Gallardo, 2015 ; M. D. Frances, 2016 ; D. Peters, 2017 ; Photography Unbound, 2017; DKK, Media relation in photo, juill. 2018; D. de Font-Réaulx, 2021 ; colloque U. St Andrews- Centre A. Chastel, 2021; revue Histoire de l’art, INHA, n°92 sur la “Reproduction”, nov. 2023; Colloque au musée Rodin, “Rodin reproduit”, 10 nov. 2023). De même que l’étude de collections photographiques universitaires se multiplient (Courtauld Institut of Art, 2009 ; colloque Unistra, 2016 ; C. Caraffa, KHI 2011, 2021 ;).