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En 1974, Antoine Schnapper (1933-2004 ; professeur émérite à l’université de Paris IV – Sorbonne) publiait une monographie sur le peintre Jean Jouvenet. Artiste alors oublié, dont l’œuvre était mal connu, Jouvenet retrouva avec ce livre la place qu’il occupait de son vivant. Une place éminente, qui le situait au plus haut de la hiérarchie de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture. Proche de Charles Le Brun, Jouvenet participa en effet aux chantiers royaux les plus prestigieux : celui du palais des Tuileries en 1669, des Grands Appartements de Versailles de 1672 à 1674, puis des résidences royales du Grand Trianon, de Marly et de Meudon vers 1700, pour lesquelles il exécuta des tableaux mythologiques. À la fin de sa carrière, il fut encore requis par la Couronne pour orner la coupole de l’église des Invalides (1704) ainsi que la tribune de la chapelle du château de Versailles (1709). Jouvenet fut aussi tout au long de sa vie un portraitiste recherché, notamment par une clientèle de parlementaires normands et parisiens. Mais sa particularité est certainement d’avoir été un des peintres qui travaillèrent le plus pour les communautés religieuses à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle : ses compositions, dont la fameuse Descente de croix (1697, musée du Louvre), obtinrent rapidement un très grand succès dans ce domaine. Elles devinrent dans toute la France des modèles pour les peintres, qui les copièrent et diffusèrent ainsi la manière de l’artiste. En étudiant avec acuité en 1974 cet aspect de sa production, Antoine Schnapper révéla l’importance de la peinture religieuse à la fin du règne de Louis XIV et analysa d’une façon inédite et toujours pertinente la période de transition des années 1690-1715.