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Les médias mettent régulièrement à la une des incidents ou des émeutes opposant des populations aux forces de l’ordre. Le plus souvent, ces troubles sont présentés comme des épiphénomènes indignes d’une société qui se veut pacifiée. Nul ne se doute à quel point leur fréquence était élevée au XIXe siècle dans une grande ville comme Lyon ; nul ne se doute qu’ils se déroulaient dans le centre de la cité et que leurs auteurs appartenaient aux classes laborieuses. Au XIXe siècle, les élites tentent de normaliser la société française et de contrer le désordre urbain. De nombreuses lois et ordonnances viennent alors resserrer le maillage normatif ; les effectifs des forces de l’ordre sont augmentés et leur organisation améliorée. Le travail entrepris est d’envergure car le peuple lyonnais vit sans se préoccuper des ordres venus d’en haut. La rue est son domaine, là où il partage ses plaisirs et exprime ses coups de sang. La gestion du social pratiquée par les habitants ne correspond pas au modèle que l’Etat cherche à imposer. Il en résulte des rencontres plus ou moins explosives entre Lyonnais et représentants du pouvoir (policiers, commissaires, juges). Se tissent alors des rapports de pouvoir faits d’incompréhension, d’affrontements, de jeux de dupes mais aussi de compromis.Alexandre NUGUES-BOURCHAT, docteur en histoire, a soutenu une thèse de doctorat “Représentations et pratiques d’une société urbaine Lyon, 1800-1880”, en 2004, au sein du LARHRA, il est actuellement professeur dans le secondaire.