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En 1991 éclate en France le scandale du sang contaminé : plusieurs centaines de malades ont été contaminés par le sida et l’hépatite C en recevant des dérivés sanguins et des transfusions de sang. Les dirigeants des établissements de transfusion, en particulier ceux du Centre National de la Transfusion Sanguine, et les pouvoirs publics sont mis en cause pour ne pas avoir pris les précautions nécessaires à la protection de la population. L’affaire du sang contaminé est souvent présentée comme la première crise sanitaire en France. En effet, le scandale a conduit les responsables politiques à réorganiser l’administration sanitaire de manière à accroître la sécurité des produits de santé. Quelles sont les origines de cette crise ? L’ouvrage montre que l’organisation de la transfusion sanguine se distingue par de nombreux dysfonctionnements provoqués par l’industrialisation des produits sanguins. Les incertitudes scientifiques à propos du sida au début des années 1980 ne facilitaient pas la prise de décision. L’administration de la santé elle-même n’était guère préparée à la gestion de l’urgence. Pourtant des décisions sont nécessaires pour éviter la contamination par le virus du sida. Mais les intérêts des médecins, des industriels de la transfusion, des malades, des donneurs de sang ou des pouvoirs publics divergent parfois. Derrière l’idéal de la transfusion sanguine comme expression d’une solidarité nationale se dissimulent de nombreux conflits. L’affaire du sang contaminé est-elle le résultat de negligences ? Les intérêts financiers l’ont-ils emporté sur la protection de la santé publique ? L’industrialisation du sang n’exige-t-elle pas une nouvelle organisation et la mutation de l’économie de la transfusion sanguine ? Le sang n’est-il pas devenu « presque » un médicament ?