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Le Parc national des Cévennes est souvent évoqué pour sa singularité parmi les parcs nationaux français.

Au moment où l’on célèbre les 40 ans du PNC et les 50 ans de la législation sur les parcs nationaux, il est important de rappeler comment s’est construite cette singularité. Tel est l’objet de ce livre. L’auteur revient d’abord sur les racines anciennes de l’idée d’un parc en Cévennes, liées d’une part à l’émergence d’un mouvement de protection et de valorisation des sites paysagers, d’autre part à la constitution d’un récit identitaire cévenol. Elle s’attache ensuite aux quinze années qui ont conduit de la formulation spécifie que d’un projet de parc national à sa création effective par le décret du 2 septembre 1970.

L’examen des riches archives des différents acteurs engagés dans cette aventure – associations, individus, administrations départementales, services centraux –, ainsi que la collecte de leurs témoignages ou ceux de leurs proches, permettent de restituer dans leur diversité et leur complexité les intentions qui ont porté l’idée d’un parc national des Cévennes, et d’en éclairer les enjeux aux différentes échelles, du local au national. Le tableau ainsi brossé s’avère d’une étonnante densité humaine. Et c’est bien un autre des objectifs de cet ouvrage que de redonner toute leur place aux artisans du parc, des visionnaires aux fonctionnaires chargés de matérialiser le projet, en passant par les “intermédiaires”, sans qui l’accord entre les intentions des uns et des autres et l’acceptation des habitants n’auraient pu être obtenus.

Chaque parc est une histoire propre, qui participe au tissage d’ensemble de l’histoire de la protection de la nature et de l’environnement. Le projet de Parc national des Cévennes est également le lieu d’un débat à partir duquel se constitue la doctrine d’un espace “hybride”, entre désir de protection d’un paysage et volonté de maintenir une vie montagnarde, dans toutes ses composantes, y compris humaine. Ainsi s’invente un territoire, mais aussi une nouvelle conception de l’écologie. Karine-Larissa Basset est historienne, maître de conférence à l’université Pierre Mendès France de Grenoble. Elle est l’auteur de “Le légendaire sarrasin en France”.

Configuration et histoire d’un contre-récit national (19e-20e siècle), publié par le Centre alpin et rhodanien d’ethnologie (2006) et de “Pierre Martel et le mouvement Alpes de Lumière”. “L’invention d’un territoire” (1953-1983), aux éditions de l’Aube (2009).Cette publication est issue d’une étude réalisée dans le cadre de conventions associant le Parc national des Cévennes et la DRAC, en partenariat avec l’Ethnopôle GARAE Languedoc-Roussillon et l’association Clair de Terre.