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Prince souverain à dix-huit ans, Charles-Emmanuel Ier (1562-1630), petit-fils de François Ier et gendre de Philippe II d’Espagne, régna un demi-siècle sur les prospères Etats de Savoie et de Piémont. Convaincu d’avoir été choisi par la providence divine pour accomplir un destin extraordinaire, il fit de sa vie un tourbillon, une quête perpétuelle de grandeur : à lui la vocation de changer le monde et de devenir roi ! A cheval sur les Alpes, ses Etats, dont il repoussa toujours plus loin les frontières, devaient incarner l’axe autour duquel il ambitionnait de faire tourner les plus grandes puissances. S’il essuya plus de revers qu’il ne rencontra de succès, Charles-Emmanuel, influencé tant par le providentialisme que par le réalisme de Machiavel, passa toutefois maître dans l’art difficile de la diplomatie. Par un magnifique tour de force, il réussit à hausser la Savoie au niveau de la France et de l’Espagne en un miracle subtil d’équilibre et d’audace, et sut faire de sa capitale, Turin, la vitrine prestigieuse de son duché. Sa démesure baroque et son génie militaire, qui le poussèrent à livrer sans cesse bataille à plus gros que lui, à rêver de croisade ou, même, à briguer l’Empire, impressionnèrent tous ses contemporains, au premier rang desquels le cardinal de Richelieu, qui lui livra une guerre sans merci. Il se tailla ainsi une place majeure sur l’échiquier mondial grâce à laquelle ses successeurs, poursuivant avec constance sa dangereuse politique du précipice, décrochèrent enfin, au début du XVIIIe siècle, la couronne tant convoitée et contribuèrent à forger le destin de l’Italie unifiée. Stéphane Gal, Maître de conférences en histoire moderne à l’université de Grenoble 2, membre du LARHRA, explore l’univers des hommes du XVIe siècle et leur rapport à la guerre. Il est déjà l’auteur de Bayard, histoires croisées du chevalier et Lesdiguières, prince des Alpes et connétable de France (2007).