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« Intrus », « apostats », « schismatiques »… Les qualificatifs dépréciatifs n’ont guère manqué sous la plume des historiens catholiques du xixe siècle pour décrire l’action des évêques constitutionnels, institués par l’Assemblée nationale constituante en 1790 pour prendre la tête de l’Église de France « régénérée ». Catholiques révolutionnaires, fervents républicains pour certains, cet engagement politique leur a été sévèrement reproché après la signature du Concordat de 1801, donnant naissance à une véritable légende noire. Dans le même temps, l’historiographie républicaine a longtemps occulté leur rôle politique en raison de leur état ecclésiastique, jugé incompatible avec la défense des idéaux révolutionnaires. Seule la figure du célèbre évêque de Blois, Henri Grégoire, panthéonisé en 1989, réussit à émerger et retient régulièrement l’attention des chercheurs depuis ces trois dernières décennies.Ce volume, qui rassemble les contributions du colloque organisé à Lyon en juin 2012, propose de nouvelles pistes de recherche sur les évêques « patriotes », afin de replacer leur action dans la longue histoire de l’épiscopat français aux xviiie-xixe siècles : ont-ils « révolutionné » leur diocèse ou, au contraire, maintenu, voire réactivé, d’antiques traditions au nom du primitivisme cher aux Lumières chrétiennes ? Quels ont été leurs échecs et leurs réussites ? Que leur doit l’Église concordataire ? Leur pensée théologique, leurs engagements politiques et leur action pastorale sont ici étudiés à travers une série d’études synthétiques, régionales ou biographiques, au plus près de sources d’époque, loin de l’anathème ou de l’apologie.