L’histoire du travail et des travailleurs de l’industrie a longtemps été réduite à celle d’une « classe ouvrière » apparue à la suite de la « révolution industrielle ». Le siècle étudié, qui débute en France avec la révolte des Canuts de 1831 et l’épidémie de choléra de 1832 pour se terminer dans les années 1930 par le Front populaire et ses grèves, semble taillé sur mesure pour une telle lecture. Or, aujourd’hui, la discipline historique a considérablement élargi ses objets de recherche.À partir d’une double relecture – celle de la question du développement industriel et celle de l’histoire des catégories sociales –, ce livre s’appuie sur les avancées de l’historiographie dans les domaines de l’histoire des entreprises, des mobilités sociales et géographiques, des territoires, des risques sanitaires et industriels, de l’environnement et du genre, pour proposer une nouvelle vision de cette période de l’histoire sociale de l’industrie. Pays pionnier de l’industrialisation mais souvent présenté comme « en retard » dans son développement, appartenant à l’Europe du Nord comme à l’Europe du Sud, à l’Europe rurale comme à l’Europe urbaine, la France représente pour l’histoire sociale de l’industrie en Europe occidentale un objet d’étude particulièrement pertinent.