La chapelle Saint-Joseph (1885-1888) est une commande des Frères des Écoles Chrétiennes qui avaient fondé leur Noviciat à Caluire-et-Cuire en 1844. À l’origine de la commande est un scandale régional d’ampleur nationale. En 1870, l’Institut des Frères est saisi par décret du Maire de Caluire André Vassel, soutenu par le Préfet du Rhône Paul- Armand Challemel-Lacour. En février 1871, à la suite de ces agissement illégaux, le Préfet du Rhône démissionne, suivi par le Maire de Caluire.Les Frères réintègrent les lieux et assignent en justice les habitants de Caluire, le Préfet, le Maire et l’État. En 1872, tous les accusés sont jugés coupables. Après de multiples appels et pourvois en cassation, la congrégation obtient gain cause et de très importants dommages-intérêts qui seront investis, in fine, dans la chapelle Saint-Joseph.Pourtant, la construction de cette chapelle, comprise entre le début des réformes de Jules Ferry (1881) et leur entrée en vigueur (1891) ne peut qu’étonner. Cette période, peu propice à l’art religieux, l’est encore moins aux congrégations enseignantes, dont l’existence et le rôle même sont menacés. Pour cette raison, la chapelle Saint-Joseph est un « chant du cygne ». Elle constitue une dépense de prestige, tandis que son architecture et son décor sont conçus pour véhiculer un discours politique. Nous montrerons l’implication de Sainte- Marie Perrin, architecte de la chapelle et de l’équipe de Fourvière, chargée de réaliser son décor, dans une résistance artistique à la sécularisation de la société lyonnaise de la fin du XIXe siècle. Nous montrerons aussi que Sainte- Marie Perrin, en collaboration avec le Frère Rogatianus, imagine une architecture intérieure parlante. Elle offre aux novices un programme iconographique lisible qui oppose à l’enseignement laïc de Jules Ferry les valeurs et l’histoire de l’enseignement chrétien