La psychiatrie soviétique passe aujourd’hui pour une spécialité médicale dévoyée qui a servi à réprimer les opposants politiques. Si elle n’est pas fausse, cette image s’avère réductrice. Grégory Dufaud propose dans cet essai une autre perspective. Il montre combien le traitement de la folie a pu être un espace d’initiatives et d’innovations, animé par des psychiatres soucieux de la santé mentale de la population et attentifs à ne pas couper leur spécialité de la pratique médicale. Explorant la variété des significations et des usages de la psychiatrie en Union soviétique, il éclaire les rapports complexes qu’elle a entretenus avec le pouvoir politique, ainsi que la vision du progrès scientifique et social qui l’a structurée.Cet ouvrage propose ainsi une histoire des savoirs et des pratiques de la médecine tout en mettant au jour les multiples ressorts de la domination sociale et politique en régime autoritaire.