L’ouvrage porte sur les figures et théories androgynes du néo-classicisme au symbolisme, à l’intersection de l’histoire du corps, des masculinités et des études de genre.Homme ou femme? Ni l’un, ni l’autre, ou les deux à la fois, l’androgyne est cette figure ambiguë dont s’emparent les artistes, historiens et critiques d’art, afin d’imaginer l’émancipation politique et sexuelle à venir. C’est au milieu du XVIIIe siècle que l’idéal utopique androgyne resurgit des mythes antiques et devient une figure de subversion des normes de genre dans les arts visuels. Les milieux symbolistes fin-de-siècle reprennent à leur tour cette vision troublée, en créant de nouveaux modèles de représentation et d’intersubjectivités.À la croisée de l’histoire des masculinités, de la sexualité et des études de genre, Genre androgyne explore une archéologie proto-queer des sexualités non-normatives qui ont façonné la modernité artistique. S’appuyant sur un corpus inédit, à partir des discours médicaux, des traités scientifiques, des théories esthétiques et des cultures visuelles de l’époque, Damien Delille retrace la trajectoire d’un art androgyne intemporel et hors sexe qui conduit les artistes aux limites de l’abstraction. De la période néoclassique au romantisme mystique, des milieux idéalistes symbolistes à l’école de Pont-Aven et aux prémisses du cubisme orphique, cette histoire alternative de la modernité invite à repenser la masculinité artistique dans ses liens troublés avec le féminin.