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Les enfants abandonnés et les enfants assistés ont marqué par leur présence et par leur nombre les sociétés urbaines du XIXème siècle. Anonymes ou réputés porteurs de «vices» héréditaires, ils sont restés par de nombreux aspects en marge de la société et de la famille. Les femmes qui leur ont donné naissance, appelées à cette époque de manière péjorative «filles-mères», sont encore très mal connues des historiens, souvent réduites à quelques stéréotypes. Elles ne semblent exister et ne retenir l’attention que lors de l’accouchement «illégitime», sans que leur vie antérieure ou postérieure soit prise en considération. Guy Brunet nous propose de suivre le déroulement du parcours de ces «filles-mères» et de leurs enfants, à travers les étapes marquantes de leur vie. Seule cette approche biographique est susceptible de rendre compte de la position sociale des unes et des autres. L’auteur utilise de nombreuses sources, et notamment l’importante documentation produite par les Hospices Civils de Lyon. Cette puissante institution recueillait chaque année 2 000 nouveaux enfants lors du paroxysme du phénomène d’abandon. Peuplée de près de 300 000 habitants sous le Second Empire, deuxième ville du pays, comptant des populations ouvrières remuantes, Lyon est un terrain d’observation privilégié pour cette étude d’histoire sociale.