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Née outre-Quiévrain dans le sillage d’Hergé, la bande dessinée dite « franco-belge », qui s’est imposée par le biais des hebdomadaires Spirou et Tintin, a largement fait écho aux préjugés coloniaux. Le cas de Tintin au Congo, publié en 1930, est assez bien connu. Cet ouvrage analysera la production franco-belge de manière plus générale, pour faire notamment ressortir des convergences.On notera que certaines figures reviennent régulièrement d’un épisode à l’autre, depuis les années 1930 jusqu’à la fin des années 1950 : héros européens dominant la nature tropicale, missionnaires « civilisateurs », porteurs noirs craintifs, pillards « maures » arpentant le désert, ou encore cannibales comiques… D’ailleurs, au début des années 1980, les dessinateurs qui se réclameront des « maîtres belges », comme le courant de la « ligne claire », n’hésiteront pas à réutiliser de manière ironique ces stéréotypes.Finalement, à travers la bande dessinée franco-belge « classique », se dévoile tout un imaginaire colonial, qui fait écho à l’idéologie officielle développée outre-Quiévrain, mais aussi à des romans ou au cinéma. Le lecteur observera cependant que le genre étudié, imprégné de valeurs catholiques et scoutes, cultive parfois un idéal de fraternité entre les peuples et de rejet des préjugés.Agrégé et docteur en histoire, Philippe Delisle est maître de conférences habilité à diriger des recherches à l’Université de Lyon III et membre du LARHRA (UMR CNRS 5190). Il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur l’histoire religieuse des colonies françaises.