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En 1873, les assomptionnistes créaient le Pèlerin, un modeste bulletin destiné à accompagner les pèlerinages en plein essor. Dès 1877, ils le transformaient en hebdomadaire populaire adressé au vaste public des familles catholiques. Dix ans plus tard, c’est un quotidien, La Croix, qu’ils lançaient pour résister à la sécularisation de la culture populaire. Sans le savoir, ces religieux posaient les premières pierres d’un empire média­tique, baptisé la Bonne Presse en 1889, renommé Boyard Presse en 1969 puis Bayard en 2021.
Cent cinquante ans après, ce livre collectif ambitionne d’explorer la longévité exceptionnelle de cette œuvre-entreprise. Initialement l’arme d’une « croisade » contre la « mauvaise presse », elle est devenue l’instru­ment d’une participation pacifiée des catholiques à la modernisation de la société française mais aussi de l’Église. En racontant l’histoire de titres et de marques éditoriales emblématiques (Pomme d’Api, Notre Temps … ) ou tombées dans l’oubli (Le Noël, Bernadette, Alma … ), les différents cha­pitres éclairent l’engagement de cadres, de journalistes, d’ouvrières et de religieux, mais aussi de lectrices et de lecteurs qui ont fait Bayard.
Au croisement entre l’histoire religieuse et l’histoire de la presse et de l’édition, l’ouvrage montre comment la Bonne Presse puis Bayard ont contribué d’une manière originale au développement de la « civilisation du journal », mais aussi comment le catholicisme a été transformé par les mutations des techniques et des métiers de l’information. C’est une perspective neuve sur les évolutions culturelles de la société française depuis un siècle et demi qu’offre ce recueil appelé à devenir une référence.