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Descriptif :
Apparu dès la fin du XIXe siècle, le marché des produits du sport et des loisirs de montagne repose sur la création d’un tissu industriel original et de marchés nouveaux liés à la mise au point puis à la diffusion de produits répondant aux besoins des nouvelles pratiques sportives (alpinisme, ski, randonnée, spéléologie etc. ). Longtemps caractérisé par une forte proximité entre zones de pratique sportive et de production de matériels, ce marché a permis aux départements alpins de la région Rhône-Alpe (Isère, Savoie et Haute-Savoie) de concentrer l’essentiel du potentiel national en la matière (emplois directs et indirects, centres de recherche et de formation, réseau de sous-traitance), des domaines d’excellence comme la glisse, les sports de montagne, le cyclisme et, enfin, la présence de nombreux leaders mondiaux tant dans la production que la distribution. Un grand nombre d’entreprises productrices d’articles de sport, telles que Rossignol, Salomon, Lafuma, Béal ou bien encore Petzl, illustrent le dynamisme du secteur. D’autres se sont progressivement spécialisées dans le luxe (Moncler) et nombreuses sont celles qui se sont développées avant de disparaître (Jamet, Libéria…) ou de ne subsister que comme marques.
Alors que les logiques de redistribution spatiale comme les mutations structurelles remettent aujourd’hui en cause le type de rapport au territoire qui avait donné naissance à ce secteur et à ces entreprises, il nous semble légitime de chercher à mettre en lumière le processus d’émergence, de développement puis de remise en cause du mode de configuration industrielle fortement territorialisé que les Alpes ont connu au cours du siècle dernier. Il s’agit d’aborder la question à l’échelle des entreprises et des entrepreneurs, des produits et des marchés, pour dégager la spécificité des parcours et des stratégies. Retracer et analyser leur histoire doit permettre de mieux comprendre l’articulation entre ressources territoriales (ici les Alpes), milieu entrepreneurial (des innovateurs praticiens issus du monde sportif aux managers), structures d’entreprises (des entreprises individuelles aux groupes), et construction des marchés (de la proximité à l’international). Ces histoires croisées d’entreprise devraient aussi apporter des éclairages sur la question de l’innovation qui se situe ici à la rencontre de l’innovation sociale (nouvelles pratiques ou nouveaux publics), technique (nouveaux objets et matériels) et commerciale (nouveaux marchés, nouvelles compétences managériales et nouvelles structures de ventes).
A l’articulation de l’histoire des logiques territoriales de l’industrie, de l’histoire des alpes, de l’histoire et de la socio-économie du sport, le programme TIMSA, sélectionné dans le cadre du programme Blanc 2010 de l’ANR, se propose d’étudier ce milieu spécifique via plusieurs pistes problématiques : éléments déclencheur de l’entreprise et figure de l’entrepreneur, caractéristiques de ces entreprises et rapport au territoire, innovation, valorisation et démocratisation progressive de l’offre, développement et caractéristiques du secteur commercial, sans négliger la dimension comparative ( Suisse, Italie etc.).
Sous la direction scientifique d’Anne Dalmasso, le projet TIMSA associe des chercheurs de l’UMR LARHRA de l’Université Pierre Mendès France – Grenoble 2 et du CRIS de l’Université Claude Bernard – Lyon 1. Régis Boulat en assure le secrétariat scientifique.