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Notre étude sur L’Élaboration d’une culture artistique régionale […] se propose d’explorer le fait artistique en Dauphiné au cours de la première moitié du XIXe siècle. Portée par la dynamique du questionnement sur l’identité culturelle régionale, notre recherche a pour but de combler un manque mais également de répondre à une attente de connaissance sur cette période pourtant délaissée à l’échelle locale mais qui fut généreuse en échanges et en expérimentations. Il s’agit d’expliciter la corrélation entre les composantes artistiques, institutionnelles et sociales du milieu culturel dauphinois afin d’apprécier leurs rôles et leur importance. Pour ce faire, notre champ d’étude a été circonscrit à la peinture, la sculpture et au dessin, en raison de leur présence majoritaire dans les Salons. Par ailleurs, il faut préciser que le territoire du Dauphiné, depuis 1790, regroupe les départements de l’Isère, de la Drôme et des Hautes-Alpes. Toutefois, le principal département analysé dans notre enquête demeure l’Isère et plus particulièrement la ville de Grenoble qui concentre l’activité artistique régionale. Aussi, comment la vie artistique locale s’est-elle structurée à partir d’institutions? Quelle a été l’importance des actions individuelles engagées pour son développement ? L’étude de la genèse et des fondements des institutions grenobloises où se révèlent l’existence d’une classe de dessin, d’un musée, d’un Salon et d’une Société des Amis des Arts, montre d’une part les différents investissements collectifs et individuels. L’exploration du patrimoine local, de même que l’intérêt des Grenoblois pour l’art et les activités culturelles vérifient le fait que Grenoble et ses habitants se souciaient du développement des beaux-arts. D’autre part, l’examen du parcours des artistes régionaux, comme la venue de peintres et dessinateurs étrangers en Dauphiné ou encore la destination des œuvres, croisent naturellement les questions de la formation, des déplacements, de la circulation des hommes et des œuvres ainsi que des relations artistiques entre les différents territoires. En outre, ces sujets conduisent progressivement à déplacer l’interrogation sur d’autres échelles nationale et transnationale. Au niveau national, Paris concentre toutes les attentions en raison de la formation qu’elle offre aux artistes provinciaux mais également pour l’émulation culturelle qui la caractérise. Au niveau transnational, l’Italie, par sa proximité géographique avec le Dauphiné et par sa forte présence dans l’imaginaire artistique, attire la venue de nombreux artistes dauphinois. Il est indéniable que les interactions entre les artistes et la confrontation de cultures différentes ont contribué à l’essor artistique dauphinois. Mais tandis que les artistes régionaux explorent d’autres lieux, un mouvement inverse se repère, le Dauphiné ne cesse de recevoir la visite d’« étrangers ». Leurs apports est une question fondamentale que nous avons renseignée puisqu’ils ont été parfois à l’origine de changements esthétiques dans la production dauphinoise. De même, l’étude de la géographie des lieux de conservation des œuvres dauphinoises permet d’apprécier l’étendue de leur réception hors du Dauphiné et également d’identifier les thèmes alors particulièrement recherchés. Enfin, notre recherche met en évidence l’essor et la diversité de la production artistique dauphinoise afin de resituer les artistes locaux dans une sphère plus large de connaissances et de sensibilité contemporaines. Du « grand » genre aux « petits » genres, elle apprécie la création régionale, explique en quoi elle se caractérise et comment elle suit les fluctuations de la production nationale. Il fallait donc indéniablement interroger le premier XIXe siècle pour comprendre l’élaboration d’une culture artistique régionale en Dauphiné et ainsi mieux appréhender l’origine du succès des peintres locaux après 1850 et plus généralement l’essor des beaux-arts en Dauphiné au XIXe siècle.