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Galleria delle Carte Geografiche (musée du Vatican), © Antonella Romano
organisé par Leonardo Ariel Carrió Cataldi (CNRS/LAHRA) et Hélène Vu Thanh (UBS/TEMOS) dans le cadre du programme Mondo500
Dans le cadre du programme de recherche Mondo 500 : le monde dans une péninsule (École française de Rome, 2022-2026), le colloque de Lorient invite à interroger les espaces urbains dans leurs rapports à la mer, à commencer par ceux des trois villes centrales au programme — Rome, Venise et Naples—, plus ou moins tournées vers la mer et, au-delà, vers le monde.
Le colloque cherche ainsi à interroger l’idée de « maritimité urbaine », autrement dit, à ouvrir ou réouvrir une réflexion sur l’impact et l’importance des milieux maritimes et de littoraux sur les configurations spatiales et les institutions des villes et des ports, sur la fabrique des objets et des savoirs ainsi que sur la typologie sociale que ces environnements façonnent. La maritimité en tant que « problème » et la mer et l’océan en tant qu’échelle d’analyse ouvriront ainsi la discussion pour mettre en perspective les villes de la péninsule italienne et d’autres parties de ce Mondo 500, profondément transformé par son rapport à la mer, afin de saisir la complexité et la particularité de chaque situation urbaine et d’offrir des éléments de comparaison à la réflexion.
Ces espaces urbains ont pour point commun d’être situés à la croisée de la mer, de la ville et du port, voire d’être des villes portuaires maritimes ou fluviales, autant de lieux qui sont à la fois pris entre les dynamiques d’un arrière-pays parfois enclavé et d’un avant-pays ouvert sur l’horizon. C’est par le biais de ces contacts « maritimes », qui permettent (de manière privilégiée, probablement) de penser à la globalité du monde à l’époque moderne, que s’y mêle une variété d’acteurs, de savoirs et d’objets.
Le colloque propose d’explorer la complexité du monde urbain et de ces dynamiques à travers le prisme des agencements spatiaux, des réaménagements savants et matériels et des déplacements communautaires ou individuels que cette « maritimité » induit. Comment comprendre ou reprendre, à nouveaux frais, cette notion par rapport à une historiographie existante et à l’aune des nouveaux chantiers de recherche en cours dans une démarche critique d’histoire globale ?
Trois axes de travail sont proposés à la réflexion collective :
1/ (Dé)connecter la ville à la mer et au monde
La mer et l’océan, espaces maintes compris par différents paradigmes historiographiques de la circulation et de la connectivité, sont tout sauf des espaces neutres : on s’intéressera ici aux différents dispositifs techniques, aux institutions, aux agencements urbains spécifiques et aux politiques visant ou permettant, avec succès ou pas, leur appropriation ou intégration au paysage et à l’horizon urbain. Existe-t-il une cartographie spécifique des espaces urbains en lien avec la mer et le monde ? Quel rôle jouent les rivières et les ports fluviaux dans la structuration de l’espace urbain, des communautés qui les habitent et du territoire plus large dans lequel elles s’inscrivent ?
2/ La fabrique urbaine des objets et des savoirs maritimes
Quels sont ces objets et savoirs « maritimes », comment les définir ? Comment et par qui sont-ils amenés dans les espaces urbains ? Où sont-ils fabriqués et/ou localisés dans la ville ? Comment circulent-ils ? Que disent-ils de l’articulation entre l’espace urbain et le monde ? Quels sont les enjeux politiques et économiques de la production et de la circulation de ces objets et savoirs maritimes dans l’espace urbain, et plus largement leurs effets sur la connaissance et l’agencement du monde ?
3/ Devenir étranger : mouvement et villes maritimes
Marquées fortement par la présence éphémère des gens ainsi que par l’échange (pas uniquement commercial) d’objets et d’informations, les villes aux rivages de la mer offrent un cadre particulier pour soulever la question de comment devient-on « étranger » à l’époque moderne. Cet axe entend mettre au cœur de l’analyse la notion du mouvement et du déplacement à différentes échelles vers et au sein de l’espace urbain ouvert sur le monde. Quel type de mouvement et de temporalité permet la définition de la catégorie d’étranger (pas seulement au sen juridique) ? Comment définir la condition d’étranger et le rapport à l’étrangeté ? Quelle spécificité, au sein de la diversité sociale, est attachée aux marchands et aux esclaves ? Quel est l’impact sur l’organisation communautaire urbaine ?
* Le colloque se déroulera en mode « hybride ». Un lien circulera avant le 6 mai. Merci de contacter les organisateurs si vous ne l’avez pas reçu.
Contact : leonardo.carrio@cnrs.fr / helene.vu-thanh@univ-ubs.fr