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Pendant et après la catastrophe qui a, hélas, marqué notre entrée dans le troisième millénaire en Vallée d’Aoste, notre regard porté sur les savoirs traditionnels s’est tout à coup modifié. En effet, la parole des personnes âgées s’est déliée à travers le récit d’autres événements d’un passé proche. Pendant les années paisibles que nous avait accordées le climat, ces mots avaient été comme congelés et mis de côté dans la mémoire. En racontant leur vécu dans ces circonstances dramatiques, ces témoins ont mis en évidence l’attention que l’on portait autrefois au territoire dans ses moindres détails en cas de pluies torrentielles et les logiques de comportement qui s’en suivaient, connues et partagées entre tous. Par conséquent, des recherches particulières ont été mises en place, d’une part, pour apprécier quelle était la perception des populations touchées et leur préparation face aux risques qui pèsent sur le milieu où elles vivent et, d’autre part, pour comprendre de quelle façon les habitants de ces communautés géraient et dépassaient, administrativement parlant, les crises provoquées par les inondations et les éboulements. L’Assessorat du Territoire, de l’Environnement et des Ouvrages publics a soutenu cette initiative concrétisée sous forme d’un projet Interreg France-Italie à deux volets pour mettre en lumière les mécanismes sociaux et administratifs pratiqués dans le passé après une grande catastrophe naturelle et, ainsi, contribuer à l’élaboration de politiques communes pour faire front avant, pendant et après un événement exceptionnel. L’ouvrage qui suit est le fruit d’une partie des études effectuées dans le cadre de l’Interreg, présentées lors du colloque de clôture du Projet au mois de novembre 2006. Il ne s’agit pas d’un rapport technique, mais de considérations qui découlent, sous forme d’articles, des interviews et des dépouillements d’archives. En effet, de part et d’autre de la frontière, des chercheurs ont travaillé pour tirer de l’oubli de la mémoire des hommes et de la mémoire historique des éléments de réflexion.Alors que l’on aurait pu imaginer une société de montagne marquée par le fatalisme et la résignation à cause des clichés imposés par les médias, l’attitude des populations locales démontre leur profonde sensibilité face aux menaces qui pèsent sur leurs biens. Les archives historiques et la recherche sociopsychologique dénotent leur réactivité nuancée et leur dynamisme après les évènements catastrophiques pour réaménager et reconstruire les infrastructures territoriales avec conscience et connaissance des risques.